Contrairement à ce que l'on entend souvent, la nature n'est pas toujours bien faite. En matière de changements climatiques, les impacts les plus durs se font et se feront principalement sentir dans les pays les plus pauvres qui sont les moins responsables du problème. Cette situation engendre bien des frustrations et bien des attentes dans le cadre des négociations sur le climat.
L'agriculture et la sécurité alimentaire fortement affectées
À titre d'exemple, les impacts des changements climatiques sur la production agricole dans les pays en développement et sur la volatilité des marchés sont aujourd'hui connus de manière précise. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime que dans le sud de l'Afrique, les rendements de l'agriculture pourraient diminuer de 50 % entre 2000 et 2020. Par ailleurs, les superficies affectées par le manque de pluies, les zones arides et semi-arides pourraient augmenter de 60 à 90 millions d'hectares d'ici à 2080. À cette date, 600 millions de personnes supplémentaires risquent d'être exposées à des crises alimentaires récurrentes.
Il faut ajouter à cela l'élévation du niveau des océans. Dans les petits pays insulaires et certains pays côtiers très peuplés comme le Bangladesh, on ne peut que faire le constat frappant que le mauvais sort semble s'acharner sur leurs pays.
Un déblocage grâce à l'adaptation?
Présentement, le processus de l'ONU est à risque parce que les pays en développement ont perdu confiance envers les pays développés dont certains ont rompu leurs engagements de réduction d'émissions, malgré leur ratification du Protocole de Kyoto. D'ailleurs, à cet égard, le Canada est probablement le pire des exemples, avec des cibles qu'il ne se donne pas la peine de chercher à atteindre.
Dans ce contexte, le soutien à l'adaptation devient un enjeu crucial. Il peut être un facteur de blocage ou au contraire un facteur de dénouement des impasses constatées entre le Nord et le Sud.
Fournir des fonds adaptés aux besoins
À Copenhague, les pays développés signataires de l'Accord se sont engagés à octroyer un financement rapide aux pays en développement. Ce fonds, appelé " Fast start " est doté d'une enveloppe de 10 MM$/an au cours de la période 2010-2012. Pour la suite des actions, les pays riches se sont engagés à réunir 100 MM$/an d'ici à 2020. Pour les pays en développement, il importe de trouver un équilibre dans l'utilisation de ces fonds, entre les sommes qui seront allouées aux projets de réduction de GES et celles qui seront réservées aux projets favorisant l'adaptation aux changements climatiques. Jusqu'à maintenant, moins de 15 % des sommes iront aux projets d'adaptation. Ceci est clairement un irritant pour les pays en développement.
Développer des capacités techniques
Le développement des capacités techniques en un autre sujet de préoccupation. En effet, obtenir de l'argent pour s'adapter en modifiant ou en construisant des infrastructures est une chose, développer les connaissances pour être en mesure de trouver soi-même les meilleures solutions au problème en est une autre.
De façon générale, les pays en développement souhaitent que les transferts financiers visant l'adaptation permettent du même coup une élévation des niveaux de compétence. C'est là une affaire complexe qui implique la question épineuse des transferts technologiques et les droits de propriété intellectuelle.
Les chances pour l'adaptation à Cancun
À Cancun, les différentes Parties font preuve de bonne volonté et semblent très désireuses de sortir de la conférence avec des résultats sur certains points. L'adaptation est l'un des enjeux où des avancées significatives semblent atteignables. Toutefois, la dynamique des interventions demeure imprévisible et celles-ci peuvent faire achopper des discussions sur des points en apparence anodins.
Par Jean Nolet, ÉcoRessources Consultants
Mots-clés : gaz à effet de serre (GES), pays en développement, adaptation, atténuation, changements climatiques, pays développés.
[COP16-climat]
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