A l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, deux hauts responsables de l'ONU ont appelé mercredi la communauté internationale à agir vite pour lutter contre ce fléau et à investir dans des sols sains pour préserver notre droit à l'alimentation et à l'eau douce.
L'édition 2015 de cette Journée, qui est observée chaque année le 17 juin, a pour thème « l'objectif d'une sécurité alimentaire pour tous à travers des systèmes alimentaires durables ».
A travers son slogan, « On n'a rien sans rien, investissons dans des sols vivants », le thème de cette année appelle notamment à changer l'usage qui est fait des terres à travers une agriculture intelligente et adaptée au changement climatique, particulièrement dans des régions du monde fragilisées par la sécheresse où les pénuries alimentaires deviennent de plus en plus graves.
« La dégradation des terres et la désertification compromettent la jouissance des droits de l'homme, à commencer par le droit à l'alimentation », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans un message.
« Près d'un milliard de personnes souffrent de malnutrition, les plus touchées étant celles qui dépendent de zones dégradées pour vivre, et leur situation risque encore de s'aggraver si, comme on le prévoit, la production vivrière mondiale diminue, du fait d'une telle dégradation, de 12 % d'ici à 2035 », s'est inquiété le Secrétaire général.
Le chef de l'ONU a ajouté que la sécurité alimentaire est également compromise par la diminution des ressources en eau. La dégradation des terres raréfie les stocks d'eau et de neige dans le sous-sol, au point que dans 10 ans, deux personnes sur trois dans le monde risquent d'avoir à subir des restrictions d'eau.
« Chaque année, nous dégradons 12 millions d'hectares de terres productives, soit la superficie du Bénin ou du Honduras. La dégradation touche plus de la moitié des terres agricoles, contre 10 % seulement de terres régénérées. Or, nous pourrions régénérer quelque 500 millions d'hectares d'une manière rentable, au lieu de les abandonner », a affirmé M. Ban.
Le Secrétaire général a par ailleurs déclaré que du fait de la dégradation des terres, l'humanité libère environ un quart des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent un réchauffement de la planète. Les changements climatiques et l'exploitation non viable des terres, en particulier dans l'agriculture, contribuent à raréfier les ressources en eau douce dans toutes les régions du monde. En conséquence, la production alimentaire mondiale devrait diminuer de 2 % tous les 10 ans, a-t-il indiqué.
« Or, il est possible de vivre dans un monde où la jouissance de tous les droits – à l'alimentation, à l'eau et à la sécurité humaine – serait garantie. Mais nous devrons, pour ce faire, changer de cap et nous décider à protéger chaque hectare pouvant receler des denrées alimentaires ou de l'eau douce », a déclaré le Secrétaire général, insistant sur la nécessité d'investir dans la neutralité en matière de dégradation des terres, conformément à la proposition formulée par les États Membres de l'ONU pour le programme de développement pour l'après-2015.
« Nous devons éviter de continuer à dégrader des terres tout en régénérant, dans toute la mesure du possible, celles que nous avons dégradées. C'est ainsi que nous pourrons également faire des avancées rapides dans la lutte contre les changements climatiques », a expliqué le chef de l'ONU.
Dans un message également rendu public à l'occasion de cette Journée, la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a quant à elle salué les progrès constatés depuis 2000 dans l'élimination de la pauvreté et de la faim, tout en reconnaissant ces problèmes persistent dans les zones arides des pays en développement qui souffrent d'une faible rétention de l'eau en raison de phénomènes naturels et d'activités humaines.
« La sécurité alimentaire n'est pas qu'une affaire de production et de distribution de la nourriture – elle nécessite des systèmes alimentaires durables, qui eux-mêmes dépendent d'une gestion durable des écosystèmes, soutenue par la recherche, l'éducation et la mise en oeuvre de technologies adaptées », a déclaré Mme Bokova.
Pour lutter contre ce phénomène, a-t-elle souligné, l'UNESCO aide les gouvernements à renforcer leur résilience dans tous les domaines face aux effets de la désertification.
La Directrice générale a notamment mentionné une récente initiative dirigée par l'UNESCO dans le bassin du lac Tchad, en vue de promouvoir une gestion intégrée des ressources naturelles et la restauration des écosystèmes.
« Plus de 50 réserves de biosphère de l'UNESCO, dans 19 pays du monde, abritent des écosystèmes de terres arides », a-t-elle ajouté.
Certaines de ces initiatives, a expliqué Mme Bokova, comme l'Oasis du sud du Maroc, la réserve de biosphère des Terres sableuses du Hunshandake-Xilin Gol en Chine et la réserve de biosphère de Dana en Jordanie, ont accumulé une expérience riche et solide de la lutte contre la désertification et de la promotion de nouvelles économies agricoles fondées sur les communautés dans les terres arides.
« La désertification et la dégradation des sols constituent une menace pour la sécurité alimentaire, la stabilité et la paix. Pour y répondre, nous devons agir vite, résolument et sur plusieurs fronts. Cela concerne les populations directement touchées, mais c'est important pour nous tous, partout dans le monde », a conclu la Directrice générale de l'UNESCO.
Communiqué de l'ONU (920 hits)