La Commission de la population et du développement a terminé sa cinquantième session ce vendredi soir sur un constat « d’échec majeur », selon sa Présidente. « J’ai le regret de retirer le projet de résolution intitulé “évolution de la structure par âge de la population et développement durable” parce que nous n’avons pas pu aplanir nos divergences et parvenir à un compromis », s’est résignée Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar, en mettant fin à une session qui avait commencé lundi dernier.
Au nom d’une trentaine de pays, le représentant de la France a insisté, une nouvelle fois, sur l’accès des jeunes à une éducation sexuelle complète pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées sur leur corps. « Vouloir que la santé et les droits sexuels et reproductifs fassent parti des droits de l’homme ne constitue pas autre chose qu’une tentative de saper les accords internationaux relatifs aux droits de l’homme », s’est opposé son homologue de la Fédération de Russie. La Commission s’en serait mieux sortie si elle s’était limitée à son thème, a estimé la représentante les États-Unis.
La cofacilitatrice des négociations et déléguée des Pays-Bas s’est dite déçue qu’en 2017, la Commission n’ait pas été en mesure de s’unir autour de thèmes « aussi cruciaux ». « Si près d’un accord, il est dommage que nous n’ayons pas pu faire l’effort supplémentaire », a-t-elle déploré. Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Finlande a admis que le texte des négociations, qui exigeait des concessions, était un document « avec lequel l’Union européenne aurait pu vivre ». Au nom du Groupe des États d’Afrique, son homologue du Nigéria a dit ne pas se sentir responsable de l’échec. Mon Groupe, a-t-il affirmé, a même changé de position pour parvenir à un consensus.
Pour la deuxième fois consécutive, s’est alarmé le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Babatunde Osotimehin, la Commission n’a pas pu dégager un accord. Or, « il s’agit de la vie de femmes et de filles privées de droits », a rappelé le haut fonctionnaire, dressant un constat amer. « Chaque minute qui nous éloigne d’un accord fait perdre non seulement notre valeur mais aussi des vies », a estimé le Directeur exécutif qui a exhorté tous les États Membres à continuer de financer le FNUAP.
La Présidente de la Commission s’est tout de même félicitée que le thème de cette année sur l’« évolution de la structure par âge et développement durable » ait permis de se focaliser sur les questions centrales de population dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques du Département des affaires économiques et sociales, M. Thomas Gass, a souligné l’importance de terminer ce qui ne l’est pas dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994.
La Commission a entendu au cours de cette session les exposés nationaux volontaires de huit pays: Chine, Ghana, Indonésie, Philippines, Soudan, Finlande, Mexique et Norvège.
Elle a décidé que le thème spécial de la session de 2018 sera « villes durables, mobilité humaine et migrations internationales » et celui de 2019, « examen et évaluation du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
La Commission a aussi décidé qu’à partir de sa session de 2020, elle adoptera un cycle de quatre ans pour l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire. Elle contribuera aussi aux examens thématiques des progrès dans la réalisation du Programme 2030 qu’organise le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.
Elle a élu M. Ion Jinga, de la Roumanie, futur Président et M. Nokulunga Zandile Bhengu, de l’Afrique du Sud, futur Vice-Président. L’élection des trois autres vice-présidents a été reportée.
Compte rendu de l'ONU (654 hits)