Quelle gouvernance pour les ressources forestières en Afrique?
Le Coordonnateur Régional de l'Initiative pour le Renforcement des Capacités en Afrique de l'Ouest, M. Atamana Bernard Dabiré, a présenté au XIIe Congrès forestier mondial un mémoire spécial sur la question centrale de la gouvernance des ressources forestières. En admettant que les processus démocratiques et les politiques de décentralisation, de plus en plus appliqués en Afrique, constituent des terreaux favorables à la bonne gouvernance forestière, il souligne néanmoins que la coexistence d'une multitude de règles, de procédures et d'instances, relevant de légitimités différentes (coutumières, politiques, étatiques) et jouant un rôle plus ou moins important dans la gestion des ressources, contribue à créer une confusion sur les droits des uns et des autres. En effet, si la plupart des Etats africains se dotés de réglementations forestières favorables en théorie à une gestion durable des forêts, force est de constater, selon l'auteur, que ces règles n'ont pas suffisamment pris en compte les principes coutumiers et les pratiques locales, avec lesquels elles rentrent souvent en contradiction, mettant ainsi les populations locales en situation d'illégalité permanente. L'un des défis majeurs pour une gestion durable des ressources forestières est de sortir du fossé entre légalité, légitimité et pratique.
Sur le plan institutionnel, M. Atamana Bernard Dabiré souligne que le paysage actuel au niveau local est touffu et hétérogène. En plus des autorités coutumières et des instances traditionnelles, les projets et les programmes ont développé des organisations ad hoc (groupements villageois, comités de gestion, etc.) qui tendent à se pérenniser. Les politiques en cours de décentralisation ont conduit de leur côté à la mise en place et/ou au renforcement des instances locales. Mais le transfert des responsabilités à des élus locaux ne règle pas la question du rapport aux autorités coutumières.
Par conséquent, plus que la formalisation des droits, la clarification et la stabilisation des règles, des procédures d'arbitrage et des arrangements institutionnels semblent capitales dans un premier temps. La capacité des Etats à définir de manière participative des politiques et des règles qui soient à la fois légitimes et légales, à mettre en œuvre et à arbitrer les conflits est l'une des conditions essentielles d'une gestion durable des ressources naturelles.
François Ossama
cfm12
Partagez
Donnez votre avis