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Les ordures pour produire de l’électricité


Produire de l’électricité à partir de la décharge de Mbeubeuss, c’est le pari que souhaite atteindre le gouvernement du Sénégal en partenariat avec celui du Canada.

Dans quelques années, la décharge de Mbeubeuss ne sera plus ce lieu répugnant de par les déchets qui s’y amoncellent pour les populations riveraines. Le bio gaz émanant de la décharge sera valorisé afin qu’il produise de l’électricité pour les populations environnantes. Cela grâce au Mécanisme pour un développement durable (Mdp) et l’Initiative ville durable de Dakar (Ivd). Mais, pour son exploitation, il doit faire l’objet d’une négociation entre le gouvernement et la Senelec pour savoir comment la mettre à sa disposition afin qu’elle puisse alimenter les populations riveraines. De l’avis de M. Nguessan G’Bra, cette électricité sera plus accessible à la population car étant à basse tension. Econoler international/Bpr Enviraqua et l’Initiative ville durable de Dakar sont les initiateurs de ce projet. Ce programme, comme l’a souligné M. Modou Diagne Fada, ministre de l’Environnement «marque l’excellence des relations de coopération qui unissent les gouvernements du Canada et du Sénégal dans le cadre de l’initiative des villes durables et constitue un exemple typique de partenariat que nos Etats cherchent à encourager pour lutter contre la pauvreté tout en préservant l’environnement et le cadre de vie des populations, notamment les plus vulnérables». Le ministre présidait l’atelier d’information sur le thème : «Le mécanisme pour un développement propre : partenariat pour le développement de projet dans le cadre de l’Ivd.» Le but de cet atelier est de préparer les autorités du Sénégal à la validation des projets Mdp dont celui portant sur la valorisation énergétique du bio gaz émanant de la décharge de Mbeubeuss à Dakar. Il vise aussi à stimuler et à renforcer la position du Sénégal et du Canada dans le marché du carbone émergent.

La valorisation de la décharge de Mbeubeuss entre dans le cadre du protocole d’accord de Kyoto qui est entré en vigueur le 16 février dernier. Kyoto comme le note M. Diagne «est le premier accord international qui jette les bases d’une gouvernance mondiale de l’environnement, tout en introduisant des mécanismes de marché accessibles à tous les acteurs économiques, publics ou privés là où on a souvent recours aux règlements et aux taxes». Avec l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, l’année 2005 présente des opportunités pour un partenariat d’affaires en vue du développement durable dans les pays en développement. Pour ces pays, l’introduction d’un mécanisme de marché, à travers le mécanisme de développement propre, constitue une avancée pour développer des projets ambitieux avec des fonds privés ou publics. Mais, il faudrait que les pays ciblés soient en mesure d’en profiter en mettant en place les institutions requises et les capacités techniques nécessaires pour valider les projets proposés par le secteur privé.

Selon Nguessan M’Gbra qui est le principal promoteur de ce projet, le choix de Mbeubeuss se justifie par son caractère ancien. «Lorsqu’il y a des anciennes décharges, les ordures ménagères qui sont stockées se décomposent au fil des années et produisent du gaz alors que les nouvelles décharges n’en ont pas. C’est pourquoi, pour la récupération du gaz, on s’intéresse aux anciennes décharges car la quantité de gaz stocké dans le sol est suffisamment importante pour autoriser la production d’électricité», déclare M. Gbra. Cette électricité, qui sera produite sur ce site, ne sera malheureusement disponible que dans 2 ans car le projet n’est qu’en phase d’étude. «Les études, la mobilisation des finances prennent entre 1 an et 1an et demi. Et la réalisation du projet en termes de construction d’usine va durer aussi 1 an. Donc, si tout se passe bien et si le gouvernement et la ville de Dakar donnent leur accord sur le projet, la recherche de financement et l’implantation du projet se situeraient dans un délai de deux ans», à en croire M. N’Gbra. Pour le ministre de l’Environnement, avec la transformation du bio gaz en énergie électrique, «les modalités de distribution de cette énergie devront être étudiées et les réductions d’émissions de méthane devront êtres mises sur le marché international sous forme de permis à polluer». Mais, il doit y avoir «une coordination efficiente entre tous les acteurs concernés pour rendre attractive le marché de crédits d’émissions développés par ce projet», a-t-il soutenu.

Outre la gestion des déchets, l’eau, l’énergie, les télécommunications, le transport, le développement économique durable, le tourisme et la bonne gouvernance sont les secteurs visés par l’Ivd.

Source : Le Quotidien - Oumou Khairy DIAKHATE
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