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Les femmes malgaches actrices de la gestion des ressources en eau


Comme un peu partout dans le monde, à Madagascar, le problème de l'eau est devenu un des grands défis actuels des années à venir. Le taux de desserte en eau potable dans le pays est de 31%. 19% de la population s'approvisionnent en eau potable auprès des robinets publics et seulement 5% disposent d'un robinet intérieur et près de la moitié s'approvisionnent dans les rivières, lacs ou autres sources d'eau non protégée. Plus de la moitié des enfants malgaches souffre de maladies liées à l'insalubrité de l'eau qui est la deuxième cause de mortalité infantile.
Malgré les programmes d'hygiène mis en oeuvre, ces maladies engendrent des pertes considérables estimées à 6 millions de jours de productivité et 3,5 millions de jours d'école par an. Ce sont les femmes et les filles qui, les premières, subissent les effets catastrophiques de ce problème de l'eau. En effet, une étude réalisée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) a montré que 75% du temps des femmes et des jeunes filles sont consacrés à la recherche de cette ressource vitale. Ainsi des milliers de femmes, comme Angeline une mère de famille de 50 ans, sont obligées de puiser de l'eau quatre fois par jour et certaines à plusieurs kilomètres de leur maison. Ou comme Stella, une fille de 10 ans qui se dédie chaque jour à cette activité tous les jours en faisant 30 minutes de marche pour chercher de l'eau dans le fleuve de Mandrare (dans une commune rurale d'une région du Sud-Est de l'île).
Les conséquences sont désastreuses pour elles : abandon scolaires, analphabétisme, grossesses précoces, baisse du taux de participation des femmes et des adolescentes aux activités socio-économiques. En particulier, les femmes rurales se trouvent dans cette situation.

Face à cette situation, le FNUAP avec l'engagement des ONG, notamment les associations de femmes et/ou celles qui promeuvent le genre dans leurs activités, a fait un plaidoyer pour que les politiques d'adduction d'eau prennent en compte la participation des femmes dans la gestion de l'eau. Ainsi, l'objectif de faire en sorte que toute nouvelle installation doit être gérée à 50% par des femmes a été défini. Bon nombre des ONG intervenant dans l'hygiène et l'assainissement a fait de l'accessibilité à l'eau potable une priorité.
Des femmes prennent de plus en plus de place importante dans la gestion des points d'eau en s'engageant en tant que membres de comités de point d'eau. Tous ceux qui accompagnent ou encadrent des projets tels que Samuel Randrianjakanavalona, chargé de programme de l'ONG Taratra (association intervenant dans plusieurs parties de l'île dans la promotion de bornes fontaines), et Lovy Rasolofomanana, chef du Département plaidoyer et recherche au sein de Wateraid, reconnaissent qu'un comité de point d'eau géré par une femme est dynamique, contrairement à celui qui est tenu par un homme, lequel a tendance à être distrait.
Dans les quartiers défavorisés, souligne Lovy, l'implication des femmes " est tout à fait remarquable ". Cette volonté des femmes est illustrée par la mise en place, dans un quartier de la ville de Toliara (la principale ville du Sud, région sujette à des pénuries régulières d'eau), d'une aire d'assainissement distincte rendant l'environnement des points d'eau plus viable.

Dans cette perspective, dans huit régions pilotes, des projets de formation des associations de femmes ont été et seront initiés. Ces formations portent sur la gestion des points d'eau, sur l'usage des latrines et le filtrage de l'eau. Angèle Endratsara, Présidente d'une association féminine de Toliara qui a dispensé la formation, remarque " Nous n'avons rencontré aucune réticence, et les associations ont montré de la volonté pour contribuer à franchir les étapes. Avant, les femmes de cette ville côtière étaient obligées d'utiliser l'eau de mer pour leurs toilettes quotidiennes, certaines cuissons et autres tâches ménagères ".

Il y a donc une reconnaissance de la place de la femme pour la gestion des ressources en eau. La déclaration de ce chef du village d'u quartier de la ville de Toliara, en est un signe " Nous avons eu l'habitude de ne pas utiliser de latrines. Mais le changement de comportement permet aux femmes de donner la priorité à l'hygiène et à l'assainissement ".

Razafimbelo Lily, Antananarivo, 30 août 2008

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