Communiqué du WWF
En cas de réchauffement climatique supérieur à 2°C, ce sont entre la moitié et les trois-quarts des colonies de manchots de l'Antarctique qui seront confrontées à un risque de déclin, voire de disparition.
Un nouveau rapport du WWF - +2°C, c'est déjà trop ! -montre que respectivement 50% et 75% des colonies du légendaire manchot empereur et du manchot Adélie sont actuellement menacées.
Selon les modèles climatiques retenus, une élévation de température de 2°C pourrait bien survenir d'ici moins de 40 ans, avec pour conséquence une forte réduction des glaces de mer de l'océan Austral qui constituent le terrain de prédilection des manchots empereurs et Adélie pour leur nichage comme pour leur nourrissage.
La disparition partielle des glaces de mer pourrait également se traduire par une raréfaction du krill, à la base du régime alimentaire des manchots.
Juan Casavelos, coordinateur du WWF sur le Changement climatique en Antarctique, ne cache pas son inquiétude : "Les manchots sont habitués à vivre dans le froid et dans des conditions extrêmes. Avec l'élévation continue des températures, et la diminution des zones de nourrissage et de nichage qui y est associée, nous avons déjà assisté à une réduction sensible des populations existantes."
"Si les températures augmentent de deux degrés supplémentaires, ces légendes vivantes de l'Antarctique vont être gravement menacées."
Un consensus scientifique s'est dégagé pour considérer qu'un gain de température de 2°C représente le seuil au-delà duquel les changements climatiques généreront des risques incontrôlables. Or la plupart des modèles climatiques récents anticipent une augmentation des températures supérieure à ce seuil.
Le lancement du rapport "+2°C, c'est déjà trop !" s'est produit lors du Congrès mondial pour la Conservation de la Nature organisé cette semaine à Barcelone (Espagne) par l'UICN.
Seule une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre pourra permettre d'atténuer de manière décisive les risques associés aux changements climatiques, et ce tant en Antarctique qu'à l'échelle de la planète toute entière.
Le WWF appelle donc l'ensemble des Etats à travailler en commun à la conclusion d'un nouvel accord international sur le climat appelé à prendre le relais du protocole de Kyoto et définissant les grands axes de la lutte contre le réchauffement de notre planète après 2012.
Il est capital que cet accord comporte l'obligation pour les pays développés de réduire leurs émissions de 25 à 40% d'ici 2020 et de 80 à 90% d'ici 2050 par rapport à 1990.
Autres propositions du WWF : la création d'un réseau de zones maritimes protégées destinées à réduire la pression actuellement exercée sur de nombreuses espèces marines, et la mise en oeuvre du principe de précaution en vue de garantir le maintien non seulement des pêcheries de krill et de poissons, mais également de l'ensemble des espèces présentes dans l'océan Austral (notamment les manchots) qui dépendent d'elles.
Pour Juan Casavelos, "les menaces qui sont anticipées et qui pèsent sur les populations de manchots empereurs et Adélie nous incitent plus que jamais à adopter des mesures visant à réduire drastiquement nos émissions."
Et le scientifique d'ajouter pour conclure : "Il est impératif que la communauté internationale identifie l'ensemble des options disponibles pour limiter l'ampleur du changement climatique et pour renforcer la résistance des populations de manchots aux bouleversements de leur environnement."
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