L'existence de la pauvreté énergétique est aujourd'hui assez bien acceptée dans le monde. En fait, réduire la pauvreté énergétique est un objectif de nombreuses organisations de développement qui traitent des questions énergétiques dans les pays en développement.
Quand il s'agit de définir la pauvreté énergétique, ces organisations assument la position que beaucoup prennent quand ils apprécient de l'art : "ils le savent quand ils le voient." Il y a beaucoup de discussions sur la question de la pauvreté énergétique, mais peu d'action quand il s'agit de la mesurer. Les gens évitent de définir la pauvreté énergétique pour une bonne raison : c'est une notion difficile à définir.
Il n'y a pas si longtemps, les spécialistes du développement évitaient d'employer le terme. On peut se poser plusieurs questions concernant la définition de la pauvreté énergétique : est-ce que la pauvreté énergétique est différente de la pauvreté de revenu ? La pauvreté énergétique est-elle fondée sur l'accès aux services énergétiques comme la cuisine, les communications ou l'éclairage ? Ou est-elle basée sur les quantités d'énergie que les populations utilisent ? Ces questions ont donné lieu à plusieurs approches différentes afin de mesurer la pauvreté énergétique.
Nous avons travaillé sur les moyens de le faire pendant environ deux ou trois ans et il y aura des documents à venir sous peu. Toutefois, dans l'intervalle, nous allons passer en revue certaines des questions à ce sujet. Il existe plusieurs approches différentes pour définir la pauvreté énergétique ; elles peuvent être classées comme suit et sont expliquées plus bas.
La quantité minimale d'énergie physique nécessaire pour les besoins de base comme la cuisson ou l'éclairage ;
Le type et quantité d'énergie qui est utilisée pour ceux qui sont au seuil de pauvreté ;
Les ménages qui dépensent plus d'un certain pourcentage en matière d'énergie ;
Le niveau de revenu en deçà duquel la consommation d'énergie et/ou des dépenses reste les mêmes, ce qui donne le niveau minimal des besoins d'énergie.
Chacune de ces approches a ses forces et ses faiblesses. La première manière de définir la pauvreté énergétique a ses racines dans la définition de la pauvreté comme une quantité minimum de nourriture nécessaire au maintien d'une bonne santé. C'est une approche très courante, souvent utilisée par les organismes internationaux d'aide alimentaire. En transférant cette méthode à l'énergie, il faut aussi un minimum d'énergie nécessaire pour cuisiner, pour l'éclairage, et le chauffage d'une habitation. Bien que cette méthode puisse paraitre utilisable, définir le niveau minimal d'énergie nécessaire basé sur les besoins de base est très difficile en raison des différences régionales et nationales dans les pratiques de cuisson et de chauffage. Nous connaissons les besoins caloriques nécessaires pour avoir une vie saine, mais l'appliquer aux besoins minimaux en énergie est beaucoup plus difficile à faire.
La deuxième approche de la définition du seuil de pauvreté énergétique comme l'énergie utilisée par les ménages inférieure aux dépenses ou au seuil de pauvreté est beaucoup plus facile à saisir. Les dépenses liées au niveau de pauvreté sont bien définies dans la plupart des pays. A partir d'une enquête sur l'énergie des ménages, on peut évaluer en moyenne le combustible utilisé en dessous de ce niveau. Cela est assez attrayant car il n'est pas nécessaire de mesurer réellement combien de personnes utilisent l'énergie. Toutefois, cette méthode a également l'inconvénient que vous définissez la pauvreté énergétique sur un critère d'ordre plus général, par opposition à un ensemble énergétique de biens et de services. Cela signifie que ce seuil de pauvreté ne serait pas fondé sur les politiques énergétiques du pays, mais reflètent plutôt les politiques économique et sociale générales. Identifier la pauvreté énergétique par cette méthode ne serait rien d'autre que suivre les tendances de la pauvreté en général. Cette méthode n'est pas très utile pour ceux qui voudraient mesurer l'impact d'une réforme du secteur de l'énergie.
La troisième ligne de pensée est que la pauvreté énergétique doit être fondée sur le pourcentage du revenu consacré à l'énergie. Il est bien établi que les ménages qui sont pauvres consacrent un pourcentage plus élevé de leur revenu aux dépenses énergétiques que les ménages qui sont plus riches. Les études empiriques, y compris celles que j'ai faites, indiquent que ces pourcentages peuvent varier d'environ 5% ou moins à près de 20% des revenus en espèces ou des dépenses. Il semble que lorsque les dépenses énergétiques sont supérieures à 10% du revenu, en théorie il commencera alors à avoir un impact sur le bien-être général des ménages. L'idée est que lorsque les ménages sont obligés de dépenser autant que 10% de leurs revenus pour l'énergie, ils sont privés d'autres biens et services de base qui leur sont nécessaires. L'inconvénient de cette approche est que 10% est un chiffre assez arbitraire. Ainsi cette méthode souffre, dans une certaine mesure, des mêmes problèmes que les méthodes basées sur des mesures physiques de l'énergie.
La dernière méthode est basée sur le niveau de la demande en énergie comparé au revenu du ménage. Le meilleur indicateur pour les spécialistes de la pauvreté est le niveau de revenu à partir duquel l'utilisation de l'énergie ou le niveau des dépenses d'énergie ne varie pas significativement avec le revenu. L'inverse de ceci est qu'au delà d'un certain niveau de revenu, les gens commencent à consommer plus d'énergie. Pour les pauvres cela signifie que, même si leur revenu augmente, leur consommation d'énergie ne varie pas car ils se situent au niveau du minimum nécessaire au maintien du niveau de vie. Malheureusement, cette approche nécessite beaucoup de données et exige une analyse à partir d'enquêtes auprès des ménages qui seraient pertinentes sur les questions d'énergie. L'attrait est que cette définition de la pauvreté énergétique est basée sur comment les gens consomment de l'énergie en fonction de la situation locale des ressources, du prix de l'énergie, et des politiques.