A l'ère d'un retour aux sources et d'une tendance à appréhender les ressources naturelles dans un souci de symbiose, l'ethnobotanique est sur le point de devenir une discipline particulièrement prisée. Des initiatives publiques ou privées ont vu le jour dans le but d'améliorer les connaissances humaines des plantes et de leurs usages.
Attachons nous d'abord à définir cette science méconnue : il s'agit d'une science qui est attentive aux relations entre la Nature et l'Homme, aux actions -réelles ou symboliques- que ce dernier exerce sur son environnement, et vice-versa.
Elle est à la croisée de multiples disciplines depuis les recherches archéologiques sur les civilisations anciennes jusqu'aux biotechnologies actuelles et fait entrer en jeu de nombreux domaines : alimentation, rituels, urbanité, techniques, mythologies, économie, médecine, ruralité, jardinets et grand patrimoine. Elle ne connaît pas restriction géographique.
Ainsi, il ne s'agit pas forcément d'étudier des tribus lointaines. Ethnobotaniste et écrivain, Pierre Lieutaghi, s'est intéressé par exemple au savoir sur les plantes dans le sud de la France. Son idée de base est aussi simple qu'efficace : aller dans les hospices et interviewer les personnes âgées pour qu'elles racontent l'usage qu'elles faisaient des plantes dans leur jeunesse.
Aujourd'hui, plusieurs facteurs expliquent l'intérêt nouveau que revêt cette discipline. D'abord, les impératifs écologiques poussent à envisager les rapports homme/nature dans une perspective d'échange et non plus dans le cadre d'un parasitisme destructeur. Recenser de manière exhaustive les plantes offertes par dame nature, et en connaître toutes les propriétés, peut être à l'origine de découvertes insoupçonnées et d'un respect nouveaux pour ces ressources qui s'en verront d'autant mieux préservées.
En France, de nombreux projets associés à la connaissance des plantes et de leurs usages se sont développés ces dernières années. En Bretagne par exemple, Les associations Skol louarnig, Herborescence et les Mémoires du Kreiz Breizh se sont associées pour mener un vaste projet de recensement et de conservation des usages traditionnels des plantes sur les 5 départements.
Mais de nombreuses autres régions ont adopté de semblables initiatives. C'est par exemple le cas de la station d'arboriculture cantonale du Jura, des Parcs nationaux des Massifs des Bauges et de la Chartreuse ou encore de l'association FloréMonts qui agit dans le Diois.
D'un point de vue commercial, les nouvelles exigences des consommateurs sont connues pour aspirer à davantage d'authenticité, ce qui pousse également les marques à s'intéresser aux produits naturels, et particulièrement dans les secteurs de l'agroalimentaire, ou encore des cosmétiques.
Cela a par exemple été le cas de Clarins, qui s'est positionné sur ce marché en, proposant une ligne de produits naturels et biologiques. De même, Guerlain s'est appuyé sur les propriétés de l'orchidée pour mettre au point un de ses produits, l'Orchidée impériale. La maison est même allée plus loin dans la démarche, en l'enrichissant d'une mission de préservation, d'étude et de développement de la fleur élue.
C'est l'ethnobotaniste François Gérard, responsable du programme de recherche agronomique Guerlain qui est en charge d'un Orchidarium crée en 2000 par le parfumeur français : dans un jardin expérimental, à la frontière franco-suisse, les orchidées sont successivement étudiées, hybridées, sélectionnées puis réimplantées dans une réserve du Yunnan, en Chine.