Ce forum est une des premières initiatives de l’IRENA à l’issue de sa première Assemblée Générale qui a eu lieu les 3 et 5 avril 2011. Il est particulièrement question de mettre en œuvre des stratégies de coopérations régionales avec l’Afrique sur la base des programmes des organisations régionales, établis par les pays membres.
A l’ouverture des travaux, Adnan Amin, Directeur Général de l’IRENA, a souligné que ce dont l’Afrique a le plus besoin ce sont des cadres politiques qui peuvent attirer les investissements. Rajendra Pachauri, Président de l’IPCC devait rappeler également lors des travaux que l’Afrique doit mettre en place un cadre stratégique de coopération Sud-Sud pour la promotion des énergies renouvelables.
L’IRENA et les Communautés Economiques Régionales.
L’idée sous-jacente est que l’IRENA entend mettre en œuvre son action sur des programmes intégrés des Communautés Economiques Régionales, fondés sur des objectifs politiques définis par les pays membres.
L’Afrique est le premier continent à faire l’objet de ces consultations régionales compte tenu du grand potentiel en énergies renouvelables dont elle dispose pour assurer et améliorer les besoins énergétiques de base.
La rencontre qui réunissait les Ministres Africains de l’Énergie, la Commission de l’Union Africaine (CUA) et la Conférence des Ministres africains de l’Energie (CEMA), devait permettre de mettre en place « des approches concrètes et pratiques pour renforcer les capacités dans les domaines technologiques, des connaissances et des politiques énergétiques, au niveau des pays africains ».
L’axe des consultations était donc basé sur les Communautés Economiques Régionales qui ont adopté chacune, des stratégies ou plans d’action basés sur leurs réalités locales.
C’est ainsi que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAEO) et l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont mis en place une politique commune sur « l’accès aux services énergétiques modernes en milieux rural et périurbain », reconnue sous l’appellation « Livre blanc CEDEAO / UEMOA ». La CEDEAO a surtout innové en créant un centre consacré à la promotion des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (ECREEE), dont le siège est installé au Cap Vert.
La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (CAE), a mis en place une « Stratégie régionale sur l’Accès aux services énergétiques modernes ».
La Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), a établi des plans d’actions pour la promotion de l’accès à l’énergie.
La Communauté de Développement de l’Afrique du Sud (SADC), a adopté sa stratégie énergétique et son plan d’actions.
Toutes ces politiques régionales ont ceci de commun qu’elles militent en faveur de la satisfaction de besoins concrets : cuisson des aliments, électrification rurale et péri-urbaine, approvisionnement en eau, énergie au service de la santé, de l’éducation, de la force motrice pour améliorer les conditions de vie locales, etc. Ce sont là des priorités que l’Afrique doit défendre et que porte l’IRENA dans ses actions d’envergure.
Dans sa démarche, l’IRENA est accompagnée par les institutions internationales dont : l’Institut de recherche sur l’énergie de la Chine, la Banque Mondiale, le Département d’Etat Américain, le Ministère des Energies Nouvelles et Renouvelables de l’Inde, l’Initiative Paris-Nairobi : l’énergie propre pour tous en Afrique, UN-Energy,UNIDO, etc.
L’ensemble de ce dispositif devra permettre d’assoir une stratégie globale qui, à l’échelle mondiale permettra d’améliorer les performances de l’Afrique en termes d’accès aux financements, le maillon faible de la promotion des énergies renouvelables en Afrique. « En 2009, l’Afrique a bénéficié de moins de 0,5 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables (UNEP-SEFI/BNEF, 2010) », et « la Banque Africaine de Développement (BAD) estime que 547 000 000 000 US $ devront être investis pour atteindre l’accès universel à une énergie électrique fiable et plus propre pour tous les 53 pays d’Afrique d’ici 2030. »
Ces estimations ont été plus ou moins affermies par la plupart des intervenants au forum, à l’exemple d’Habib Ouane, Vice-Président de la Conference des Ministres Africains de l’Energie (CEMA), qui a souligné le faible investissement dans les infrastructures énergétiques en Afrique. Mais la question qui se pose partout en Afrique est d’abord de savoir innover afin que les populations rurales majoritaires, puissent avoir accès à l’énergie de base ; question à laquelle Christine Eibs Singer de E+CO, répond qu’il y a un besoin d’innovation, non pas dans la Recherche & Développement (c’est-à-dire d’une technologie complexe), mais dans la production d’une énergie que les pauvres peuvent payer. Mais l’énergie renouvelable doit-elle être l’énergie du pauvre ? Elizabeth Dipuo Peters, Ministre de l’Energie de l’Afrique du Sud considère que l’Afrique ne peut pas être éternellement un cas social ; et Vincent Kitio, Directeur de l’Unité Energie de l’UN HABITAT d’appeler à un solide mécanisme financier qui pourra propulser les technologies des énergies renouvelables.
Concilier plusieurs tendances
Cependant il faut avoir à l’esprit que l’IRENA est composé de plusieurs tendances partagées entre pays membres, industriels, financiers, et militants du changement climatique : les industriels cherchent un moyen de diffusion de leurs technologies, les politiques cherchent un moyen de développement économique à travers les énergies renouvelables, tandis que les acteurs de terrain tout simplement veulent lutter contre la pauvreté et faciliter l’accès à l’énergie des plus démunis.
Pour atteindre son objectif d’ « accélérer l’adoption des Energies Renouvelables dans le cadre du Développement Durable de l’Afrique », l’IRENA devra concilier plusieurs de ces tendances. D’une manière générale, développer les énergies renouvelables revient à lutter contre les effets du changement climatique. Diffuser les technologies d’énergie renouvelable suppose qu’il y ait des acheteurs ; cela suppose in fine qu’il faut mettre en place des modèles économiques afin de stimuler les marchés locaux favorables à l’absorption des technologies proposées, furent-elles « propres » ou « innovantes » en termes d’efficacité énergétique ou de réduction de la pauvreté.
La rencontre s’est achevée par un communiqué final dont voici la teneur :
Accéder au Communiqué Final
Kuami WOWOGNO
Abu Dhabi.
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