Anne de Vernal, professeure au Département des sciences de la Terre et de l'atmosphère et membre du Centre de recherche en géochimie et géodynamique (GÉOTOP), figure parmi les six auteurs de l'article intitulé "Reconstructed changes in Arctic sea ice over the past 1,450 years", publié aujourd'hui dans la revue Nature. L'article en question traite de l'étendue de glace de mer dans l'océan Arctique, laquelle a diminué de plus de 2 millions de km2 depuis la fin du XXe siècle, un phénomène qui comporte des conséquences sur le climat, l'océan et les activités humaines.
Les observations directes - humaines et par satellite - de la région circumpolaire sont récentes et ne couvrent que quelques décennies. Les données plus anciennes qui seraient nécessaires pour quantifier les variations naturelles de la glace de mer sont rares et ne fournissent que des informations indirectes. Jusqu'à présent, il était donc difficile d'affirmer sans équivoque que les tendances actuelles sont "anormales".
La recherche menée par Christophe Kinnard, du Centro de Estudios Avanzados en Zonas Aridas, au Chili, en collaboration avec Anne de Vernal et d'autres collègues, démontre que la diminution actuelle de la glace de mer n'a aucun équivalent dans l'histoire, au moins depuis les 1 450 dernières années, soit depuis le VIe siècle après Jésus Christ.
Cette reconstruction a été rendue possible grâce à une approche basée sur un réseau d'observations et de données terrestres indirectes, incluant notamment les carottes de glace et les cernes d'anneaux d'arbres, qui permettent de faire des reconstitutions selon une résolution annuelle pour un intervalle couvrant près de 1 500 ans.
"Bien que les mécanismes à l'origine des variations de glace de mer soient difficiles à élucider et à modéliser, les résultats suggèrent que la circulation des eaux atlantiques vers l'océan Arctique joue un rôle déterminant dans la diminution du couvert de glace marine, note Anne de Vernal. Quoi qu'il en soit, la diminution de l'étendue de glace de mer dans l'Arctique observée depuis quelques années est un phénomène exceptionnel, très probablement lié au réchauffement d'origine anthropique."
source : Journal l'UQAM. 23 novembre 2011