Une récente collaboration entre des chercheurs français du Muséum national d'Histoire naturelle, du CNRS, de l'IRD ainsi que des chercheurs australiens et américains a mis en évidence une grande diversité d'espèces de serpents dont on ne soupçonnait pas l'existence. Ils publient en juillet les résultats de cette étude dans " The Biological Journal of The Linnean Society".
La faune de vertébrés terrestre est généralement considérée comme bien connue. Ainsi, le nombre d'espèces de mammifères et d'oiseaux s'accroît chaque année de 0,1 à 0,2 % et celle des lézards et des serpents de 1,7%. Les serpents comprennent 3 432 espèces actuelles et sont divisés en deux grands groupes : les Alethinophidia ou serpents typiques (boas, pythons, cobras, vipères, couleuvres...) et les Scolecophidia, des serpents strictement fouisseurs de petite taille (en général inférieure à 30cm), se nourrissant de la faune du sol, et présentant une morphologie très uniforme due aux fortes contraintes de leur mode de vie.
Contrairement aux Alethinophidia, les Scolecophidia (402 espèces), ont été quelque peu négligés par les biologistes. Afin de pallier cette absence de données, cette étude entamée en 2008 en France et en Australie, a permis aux scientifiques de séquencer un gène mitochondrial et un gène nucléaire pour 741 spécimens de scolécophidiens australiens appartenant à 27 espèces
Confrontés aux données de répartition géographique, les résultats moléculaires montrent que la diversité spécifique des serpents fouisseurs australiens est largement sous-estimée, puisqu'à partir de 27 espèces actuellement reconnues, les chercheurs mettent en évidence l'existence de 29 à 65 nouvelles espèces. Rappelons que ces serpents ont une morphologie très homogène ; l'étude de leur ADN a donc permis de mettre en évidence cette diversité cachée. Si ce patron était vérifié à l'échelle mondiale, cela signifierait que le nombre d'espèces de scolécophidiens serait compris entre 830 et 1370 au lieu des 402 espèces actuellement reconnues.
Ainsi, la grande diversité occultée de ces vertébrés majoritairement tropicaux et à aires de distribution réduites a des implications évidentes en termes de biologie de la conservation. En d'autres termes, sans leur description, nous n'aurions pas pu envisager leur protection.
Référence :
Julie Marin, Stephen C. Donnellan, Blair Hedges, Nicolas Puillandre, Ken P. Aplin, Paul Doughty, Mark N. Hutchinson, Arnaud Couloux, Nicolas Vidal
"Hidden species diversity of Australian burrowing snakes"
Biological Journal of the Linnean Society, 2013
Source : www.mnhn.fr - communiqué du Muséum national d'Histoire naturelle du 5 juillet 2013
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