[Article de l'Institut national de la recherche agronomique]
Contre les pucerons, on connaissait déjà le recours aux coccinelles. Pour les pommiers, un autre type d'auxiliaire biologique est étudié par les chercheurs de l'unité Plante et systèmes de cultures horticoles de l'Inra : les araignées. Naturellement présentes dans les arbres, ces arthropodes ont la capacité, pour certaines, de sortir très tôt de leur hivernation. Elles seraient donc en mesure d'assurer une prédation précoce des pucerons et d'endiguer la croissance exponentielle des colonies.
Les fondatrices, usines à se reproduire
En effet, en matière de lutte contre les pucerons, tout se joue essentiellement au printemps. A cette époque de l'année, les oeufs pondus par les femelles après fécondation par un mâle et abandonnés sur l'arbre au mois d'octobre, s'apprêtent à éclore. Ils donnent alors naissance à des femelles, appelées les fondatrices, qui à leur tour engendrent de nouveaux pucerons. Cependant, cette fois-ci, la reproduction est asexuée et se déroule par parthénogénèse sans intervention d'un mâle. Les pucerons naissants sont alors toutes des femelles, clones de leur mère. A leur tour, celles-ci produisent une grande quantité de larves, et ainsi de suite. Très rapidement, des colonies de plusieurs centaines d'individus s'établissent et il devient difficile de les éliminer. Il est donc primordial de limiter la pullulation des pucerons à sa source dès la première semaine après l'éclosion des oeufs en empêchant les fondatrices de délivrer encore et encore des ravageurs.
Des araignées résistantes au froid
Pour être efficaces, les araignées doivent donc sortir de leur sommeil hivernal avant l'éclosion des oeufs de pucerons afin de se jeter sur leur proie le plus tôt possible. En fait, le regain d'activité de l'araignée comme du puceron dépend du même paramètre, la température. Ces derniers sortent de leurs coquilles dès que le thermomètre affiche entre 4.5 et 5.9°C. Une température déjà fraiche à laquelle peu de prédateurs naturels daignent sortir le bout de leurs nez. Parmi les lève-tôt, on trouve tout de même deux araignées baptisées Philodromus et Anyphaena accuentata, connues pour apprécier la fraicheur des matins post-hivernaux et le petit-déjeuner au puceron. Récupéré sur des pommiers, par les chercheurs, le contenu de leurs estomacs a effectivement révélé de l'ADN de puceron.
D'après les travaux de thèse de Catherine Boreau de Roincé sous la direction de Claire Lavigne, directrice de recherche à l'Inra, et Jean-Michel Ricard, ingénieur au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL) le nombre d'araignées collectées et la quantité de colonies de pucerons sur un même arbre sont bien liés. Plus il y a du premier, moins il y a du second. " Ce résultat s'inscrit dans la recherche de moyen pour diminuer l'utilisation de produits phytosanitaires, explique Claire Lavigne. On peut très bien imaginer des moyens de favoriser la survie de ces araignées mangeuses de pucerons, en installant par exemple des haies pour augmenter leurs ressources en habitat et en nourriture. En plus, les araignées sont des auxiliaires généralistes et sont susceptibles de nous débarrasser d'autres ravageurs. " Encore faudrait-il que ces dames, qui ont une fâcheuse tendance au cannibalisme, ne préfèrent pas se manger les unes les autres dès que l'occasion se présente...
Source : www.inra.fr
Les araignées, nouvelle arme anti-pucerons des pommiers ? (699 hits)