Plus question de se justifier. Passée la date butoir du 24 avril 2014, l’heure est à présent la mise en œuvre effective des prescriptions de l’arrêté conjoint des ministres camerounais en charge de l’environnement et du commerce du 24 octobre 2012 portant réglementation de la fabrication, de l’importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables. Pourtant, les commerçants et utilisateurs de ces emballages tardent encore à se mettre au pas de la loi N° 96/12 du 5 août 1996, portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement. Dont l’article 81 alinéa 1er punit « d’une amende de dix (10) à cinquante (50) millions de F.CFA, et d’une peine d’emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans ou de l’une de ces deux peines seulement, toute personne qui importe, produit, détient et/ou utilise contrairement à la réglementation, des substances nocives ou dangereuses. » Ce qui n’inquiète pas le ministre de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded), Pierre Hele, qui a été sans détour au cours de sa tournée (de sensibilisation) sur l’ensemble du territoire. « Les contrevenants seront sanctionnés avec la dernière énergie... Nos équipes sur le terrain seront nantis des carnets de procès-verbaux pour constater les infractions, puis laisser la loi suivre son cours », a-t-il laissé entendre le mercredi 23 avril 2014 au journal de 13h sur les antennes de la radio nationale camerounaise.
Certains commerçants s’arriment déjà à la nouvelle donne. C’est le cas de « Madame Esther », vendeuse installée en face des salles de cours de l’École supérieure des sciences de l’information et de la communication (Esstic), qui depuis vendredi 25 avril dernier, fait preuve de civisme. « Pour éviter d’avoir les problèmes avec l’État, confie-t-elle, j’ai depuis longtemps commandé les anciennes copies des étudiants, ainsi que le papier ciment (en référence au matériel de conditionnement du ciment Cimencam ; ndlr) pour emballer la nourriture que je vends aux étudiants. » Un exemple que les étudiants qui la côtoient qualifient de « citoyen », avec cependant un air de pessimisme. « Pourvu que ça dure », vont-ils souligner.
Toutes choses qui traduisent que les vieilles habitudes ont encore la peau dure. Les promoteurs des entreprises de production des emballages plastiques manifestent en l’état actuel, une certaine résistance. « Le temps imparti (18 mois) pour mettre hors circuit les emballages, s’indignent-ils, n’était pas assez pour nous permettre de liquider les stocks encore disponibles. Les retirer du marché serait un sérieux manque à gagner pour nous.» Au marché Acacias à Biyem-Assi dans le Sud de Yaoundé, où une équipe de Mediaterre se sont rendus le 26 avril 2014, ces sachets jonchent encore les étals. La question de l’interdiction des sachets plastiques est un non-évènement tant pour les producteurs que pour les utilisateurs. Non sans susciter au passage quelques plaintes. « C’est bien beau de signer des arrêtés dans les bureaux ; mais il faudrait aussi penser à mettre immédiatement à notre disposition des solutions de rechange.» Ces alternatives, l’État du Cameroun les a prévues. Il est recommandé, dixit Peter Enow, directeur du Contrôle et de la norme au Minepded, aux consommateurs d’acquérir une nouvelle culture d’utilisation des emballages avec des matériaux alternatifs. Notamment à travers le papier, les feuilles de raphia, de bananier et les emballages en jute.