Le mercredi 9 décembre, une nouvelle version du projet de l’accord de Paris a été publiée par la présidence française. Le texte est plus lisible, plus court (29 pages) et contient moins de crochets, mais les décisions les plus difficiles doivent encore être prises. Les ministres ont moins de deux jours pour décider si cet accord nous mènera sur une trajectoire en-deçà de 1,5°C ou de 3°C.
Préambule
Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement sont les deux groupes mentionnés comme étant particulièrement vulnérables. Les références à REDD et à la restauration des terres ont disparu. Deux éléments doivent encore faire l’objet d’un accord dans le préambule : la question des droits de l’Homme et celle de la différentiation des efforts entre nations. L’équité intergénérationnelle a disparu par erreur, mais va être réintégrée.
But de l’accord
Il reste encore trois options pour la limite de réchauffement à long terme : sous 2°C ; bien en-dessous de 2°C en tentant de limiter à 1,5°C ; sous 1,5°C. En plénière hier soir, de nombreux États insulaires ont annoncé que la limite de réchauffement de 1,5°C était leur ligne rouge à ne pas franchir. Les droits de l’Homme sont toujours présents dans l’article 2, mais en grande partie vidés de leur contenu. La question de la différenciation n’est toujours pas résolue.
Atténuation des changements climatiques
Il y a dorénavant 2 options pour l’objectif à long terme : soit une réduction chiffrée des émissions à l’horizon 2050, soit une référence à la décarbonisation/neutralité climatique de l’économie globale au cours du siècle. Le paragraphe sur les émissions liées au transport international a complétement disparu. Le langage sur les émissions nettes, tenant compte de la possibilité de retirer du carbone de l’atmosphère, est renforcé. Le processus de révision préalable des contributions nationales pour l’atténuation (INDCs) en vue d’évaluer leur adéquation avec l’objectif à long terme a également été supprimé. Les cycles de cinq ans pour présenter de nouveaux engagements en matière d’atténuation sont désormais inscrits dans le texte, sans crochets.
En ce qui concerne REDD, le texte ne fait plus référence à un mécanisme, mais invite simplement les Parties à encourager la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts. De nombreux États forestiers ont exprimé leur mécontentement en plénière hier à cet égard.
Adaptation
La plupart du texte a désormais été libéré des crochets, ce qui signifie que les Parties sont en train d’avancer vers un consensus à ce sujet.
Pertes et préjudices
L’entièreté du contenu est toujours entre crochets, ce qui indique qu’aucun accord n’a jusqu’à présent été trouvé par les Parties. Les délibérations sont toujours en cours, sur base du Mécanisme International de Varsovie. Néanmoins, les crochets ont été retirées concernant le paragraphe sur les pertes et préjudices dans l’article consacré au financement dans le but d’assurer un soutien adéquat sur cette question.
Finance
L’option en faveur d’objectifs quantifiés tous les cinq ans est toujours présente. Les objectifs directionnels ont été renforcés et les crochets sur la question des pertes et préjudices ont été retirées. On se dirige également vers un équilibre des contributions en faveur de l’adaptation et de l’atténuation. Par contre, il n’y a pas d’indication claire sur la manière dont les contributions vont être augmentées et sécurisées après 2020. Le texte mentionne que les pays développés doivent mobiliser du financement, mais d’autres Parties peuvent les accompagner. Il y a également une mention spécifique en faveur de la coopération Sud/Sud.
Technologies
La plupart du contenu est toujours entre crochets.
Renforcement des capacités
Il y a désormais un accord sur le but du renforcement des capacités. Par contre, il n’y a pas encore de consensus quant à quels pays requièrent davantage de renforcement des capacités. Tous les pays collaboreront vers cet objectif, mais seuls les pays développés fourniront le soutien pour y arriver.
Transparence
L’option qui contenait le mécanisme visant à augmenter l’ambition (« Ratchet up ») a été éliminée ce qui risque de considérablement affaiblir l’accord de Paris. Il y a également davantage de clarté sur le fait que les pays développés doivent soutenir les pays en développement.
Le succès de Paris dépendra surtout de la capacité des Parties à se mettre d’accord sur les questions épineuses de la différentiation des responsabilités et du financement. Nous avons encore toutes les cartes en main pour un accord ambitieux, mais il va falloir mettre les bouchées doubles pour que les questions non encore résolues trouvent un consensus avant demain soir.
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