Prévue pour se dérouler du 26 mars au 2 avril 2016, la 18ème édition de la semaine nationale de la culture, SNC Bobo/2016 a pour thème, «culture et cohésion sociale». Première édition de la biennale culturelle après l’insurrection populaire et la transition, le premier responsable en charge du département du tourisme voit en la 18ème édition, une édition «exceptionnelle».
Il faut le dire, le Burkina Faso est présenté comme un des rares pays africains où règne une « coexistence pacifique entre les ethnies ». Dans de nombreux écrits, le thème du particularisme burkinabé où « 60 ethnies » vivent ensemble sur un même territoire de manière harmonieuse est magnifié.
S’il est indéniable que le pays n’est pas (ou peu) touché par des conflits s’opérant sur des bases « ethniques », l’idée d’une « coexistence naturelle » entre les ethnies burkinabé doit être comprise comme le résultat d’une construction idéologique au service d’une politique de « l’imaginaire national » (Anderson, 1996). Cette politique se donne à lire, à entendre mais aussi à voir. En effet, depuis les années 1980, l’État burkinabé s’attache à mettre en spectacle les traditions chorégraphiques et musicales propres aux différentes sociétés présentes sur le territoire national afin de donner une réelle visibilité à l’identité nationale souhaitée. Mises sous tutelle d’un ministère, insérées au sein de « politiques culturelles », manipulées et transformées par des acteurs emblématiques (universitaires, hommes de lettres et de théâtre), les danses et musiques deviennent, dans ce contexte, des forces cohésives chargées de résoudre le schisme entre l’unité nationale et la diversité culturelle.
La mise en spectacle de la « culture », ou plutôt de certains traits visibles ou audibles de la culture, par l’État burkinabé s’institutionnalise à partir de 1983, date de l’arrivée au pouvoir du Comité national de la révolution. Dans ce contexte de dirigisme révolutionnaire, l’État se donne comme mission de transformer radicalement les rapports sociaux en vue de la création d’une société nouvelle fondée sur l’alliance entre l’État et la paysannerie. Les anciennes structures de pouvoir (en particulier les chefferies) et toutes les pratiques sociales qui pouvaient y être attachées sont marginalisées. L’ethnie est alors considérée comme le support de cette « société traditionnelle » jugée « obscurantiste » et « rétrograde » (Pillet%u2011Schwartz, 1996 : 24). Le découpage ethnique de la société est rejeté, le vocable, banni du vocabulaire, est remplacé par le terme « nationalité ». On parle alors des « nationalités » burkinabé en programmant un glissement rapide de l’usage pluriel du terme vers le singulier. En 1987, Thomas Sankara, président du Comité national de la révolution, annonce publiquement la naissance du « peuple » burkinabé grâce aux réformes et mesures mises en place.
Comme chaque année, des milliers d’acteurs (1300 environ) rivaliseront leurs talents et savoir-faire dans divers domaines de l’art et du tourisme. Et comme activités culturelles, il y aura entre autres, l’exposition muséale, le marché des arts, les plateaux artistiques offs, le village des communautés et la galerie de la gastronomie africaine, la foire artisanale et commerciale, les activités littéraires.
Au regard du contexte sécuritaire du pays, le ministre de la culture s’est voulu rassurant: «Il n y a pas d’inquiétude à se faire car des mesures particulières seront prises pour permettre de vivre intensément la fête en toute quiétude». Contrairement aux éditions précédentes, le ministre a relevé une innovation à cette édition qui consiste à accompagner les lauréats pour la production de leurs œuvres. Placé sous le haut patronage du président du Faso, l’édition de 2016 de la SNC est conjointement parrainée par PDG d’Ebomaf et du chef de canton des Bobo Mandaré.
Le comité d'organisation qui a été installé depuis le 11 mars s'active afin que la fête tienne toutes ses promesses.