Au Burkina Faso, le développement du secteur éducatif reste tributaire de bon nombre de facteurs qui entravent la volonté des pouvoirs publics d’offrir à tous une éducation inclusive de qualité. Parmi ceux-ci, la question du financement. Et pour de nombreux acteurs comme la Campagne Mondiale pour l’Education (CME) dont la Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous du Burkina Faso est membre, il faut alors développer des stratégies pour un financement innovant de l’éducation. Mettre en place un systèmefiscal juste pouraugmenter les budgetsde l’éducation.
La première priorité est d’introduire un système fiscal juste. Il faut pour cela adopter une démarche d’imposition progressive et surtout obtenir davantage d’argent de la part des entreprises multinationales qui opèrent dans le pays. Certaines grandes sociétés ne s’acquittent pas des impôts dus aux pays du fait de certaines offres de gratuité par l’entremise de mesures incitatives sous forme, par exemple, d’exonérations fiscales temporaires. Redresser cette situation permettrait d’aider considérablement l’éducation.
Faire des ressources naturelles une source durable de richesse nationale
Le second facteur permettant d’augmenter les recettes susceptibles de financer l’éducation se rapporte aux revenus des industries d’extraction. C’est un point particulièrement important en raison de l’expansion de l’activité minière dans le pays qui dans le même temps peine à offrir une éducation de qualité à tous. Il est essentiel d’exploiter les recettes de ces richesses nationales en les investissant dans l’éducation pour en faire bénéficier durablement la population. Il en va de la responsabilité du gouvernement de faire profiter ses citoyens de ces ressources au lieu de les laisser aux entreprises multinationales qui extraient les richesses minérales. Comme le stipule la loi fondamentale du Burkina Faso, « les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple ». Elle précise que celles-ci sont utilisées pour améliorer les conditions de vie du peuple. Il est donc essentiel d’exploiter les recettes de ces richesses nationales en les investissant dans l’éducation pour en faire bénéficier durablement la population.
Dépenser les ressources plus équitablement
Une fois les recettes encaissées, il convient de les consacrer directement et équitablement à l’éducation. En raison de la grave pénurie de fonds disponibles pour l’éducation, il faut absolument s’assurer que l’argent est dépensé de façon équitable et consacré à des besoins identifiés, de manière à avoir un impact maximal sur la fourniture d’une éducation de qualité pour tous les enfants, les jeunes et les adultes analphabètes. Pour cela, il convient d’identifier et de cibler les lacunes les plus importantes à combler pour atteindre les objectifs de l’Éducation pour tous, et d’utiliser les fonds pour combattre efficacement l’exclusion à l’aide d’approches de dépenses publiques et de propositions ciblant les groupes défavorisés et marginalisés. L’argent doit être distribué entre les niveaux primaire, secondaire et supérieur en fonction de la proportion d’élèves qui progressent dans le système éducatif, afin d’éviter de consacrer l’essentiel des ressources à un niveau réservé à une élite restreinte. Enfin, il faut aussi investir davantage dans la qualité en reconnaissant l’importance de la qualité de l’éducation, de la formation et du soutien apportés au corps enseignant.
Impliquer les citoyens ordinaires dans la budgétisation et le suivi
Enfin, et en lien étroit avec ce qui précède, il faut mettre en place des systèmes de budgétisation et de dépenses ouverts, transparents et participatifs. Bien dépenser les budgets de l’éducation ne se limite pas à une simple question technique : en impliquant les citoyens, le gouvernant pourra plus aisément consacrer les dépenses aux besoins les plus urgents, et lorsque les pouvoirs publics font preuve d’ouverture et de responsabilité, les chances que les fonds soient dépensés efficacement et selon les promesses sont multipliées. La Coalition Nationale pour l’Éducation Pour Tous Burkina Faso a concentré son travail sur une meilleure réactivité aux besoins dans l’établissement des budgets et davantage de transparence dans leur exécution.
Cette démarche contribue également à renforcer la démocratie et à stimuler la vitalité du pacte social entre l’État et les citoyens.
Au préscolaire, le coût d’éducation est relativement cher, défavorisant les familles peu aisées. Les frais de préscolarisation à travers le pays varient entre 15 000 et 50 000 F CFA par enfant et par an dans les Centres d’Eveil et d’Education Préscolaire
(CEEP) publics et entre 25 000 et 300 000 F CFA par enfant et par an dans les CEEP privés. Quant aux Bisongo et assimilés, les frais d’éducation varient entre 4 500 et 9 000 FCFA par enfant et par an selon les réalités socio-économiques de chaque localité. En termes de financement, le sous secteur souffre d’une insuffisance de financement. Les difficultés financières dues aux charges élevées de fonctionnement des structures et à la prise en charge financière du personnel communautaire.
L’éducation a un prix et le prix à payer est l’allocation de ressources conséquentes à ce sous secteur pour espérer réaliser les objectifs escomptés en matière d’éducation préscolaire.
Source: cnept/burkina faso