Un nouveau rapport du Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations Unies, présenté mercredi à la conférence sur le climat de Marrakech (COP 22), montre que pour chaque dollar investi dans son Programme d'adaptation pour les petites exploitations agricoles (ASAP), les agriculteurs pourraient obtenir un rendement entre 1,40 et 2,60 dollars sur une période de 20 ans en appliquant les pratiques d'adaptation au changement climatique.
Le rapport intitulé « L'avantage économique: évaluer la valeur des actions de lutte contre le changement climatique dans l'agriculture » a été produit dans le cadre d'une collaboration entre le FIDA et le Programme de recherche sur le changement climatique, l'agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale également appelé CGIAR.
« Il y a de forts arguments économiques pour investir dans l'agriculture afin d'assurer la sécurité alimentaire à venir, même dans des conditions climatiques changeantes », a déclaré la directrice du Département de l'environnement et du climat du FIDA, Margarita Astralaga. «L'ASAP du FIDA qui est le plus grand programme mondial pour l'adaptation des petits agriculteurs, montre que lorsque les investissements sont faits pour aider les agriculteurs à s'adapter au changement climatique, les retombées financières pour les agriculteurs sont beaucoup plus élevées », a-t-elle dit.
Selon les conclusions du rapport, dans toutes les régions où le FIDA investit dans l'adaptation, le taux de rendement des agriculteurs, voire des organismes gouvernementaux qui mettent en œuvre les projets, est de 15 à 35% plus élevé, même en prenant en compte le coût de l'emprunt.
L'agriculture et changement climatique sont interliés
« L'agriculture est particulièrement sensible aux changements climatiques, et aussi responsable d'émissions importantes », a déclaré la chef de la recherche du CCAFS, Sonja Vermeulen. « C'est donc à la fois une priorité pour l'adaptation et l'atténuation » au changement climatique.
Pour le FIDA, l'Accord de Paris sur le climat, adopté lors de la Conférence des Parties (COP21) en décembre 2015, constitue une plate-forme d'action solide. La majorité des contributions nationales (CND) de l'Accord de Paris comportent des mesures en matière d'agriculture et le rapport confirme la forte justification économique pour l'appuyer.
« Les propositions concernant changement climatique sur l'agriculture doivent être soutenues par des propositions économiques et financières crédibles afin de libérer des financements publics et privés importants », a ajouté Mme Astralaga, du FIDA. «Le présent rapport a pour objet de partager les nouvelles informations pour appuyer l'utilisation de données économiques claires et concises montrant quand, où et comment les investissements du FIDA apportent un rendement financier aux communautés avec lesquelles nous travaillons ».
Selon le rapport, des retombées économiques positifs, au niveau de la ferme, peuvent être démontrées pour plusieurs pratiques qui renforcent la capacité d'adaptation et réduisent l'intensité des émissions comme le riz innovant au Vietnam ou le passage du café au cacao au Nicaragua.
Outre les actions au niveau des exploitations, il existe également un autre ensemble d'interventions non techniques d'atténuation et d'adaptation, qui sont tout aussi importantes mais plus difficiles à quantifier et à valoriser, indique le rapport. Il s'agit notamment du renforcement des capacités, du renforcement institutionnel, de l'accès aux chaînes de valeur et de la recherche. Ces pratiques de résilience face au climat ont également un effet prouvé sur la sécurité alimentaire au niveau local et mondial.
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