Une nouvelle initiative internationale dont le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales tout en sauvant des milliers de vie grâce à la protection des tourbières - le réservoir de carbone de matière organique terrestre le plus important au monde - a été lancée lors de la conférence pour le climat à Marrakech.
L'initiative mondiale pour les tourbières mobilisera les gouvernements, les organisations internationales et les scientifiques et conduira des efforts ciblés pour assurer la protection des tourbières qui contiennent presque 100 fois plus de carbone que les forêts tropicales.
Les émissions de gaz à effet de serre issues des tourbières asséchées et incendiées représentent jusqu'à 5 % des émissions de carbone anthropiques. Suite à la dégradation croissante des tourbières et à la diminution de leur superficie en raison de l'agriculture et des incendies, ces émissions sont en augmentation, rapprochant la planète d'un dangereux point de basculement.
L'augmentation des température est responsable d'une chaîne de réactions entraînant la fonte du pergélisol et transformant les tourbières de l'Arctique en sources d'émissions carbones (au lieu de puits de carbone), émettant ainsi un volume considérable de gaz à effet de serre. Les réservoirs de carbone des tourbières sont en effet équivalent à au moins 60 % de la totalité du carbon présent dans l'atmosphère, signifiant ainsi que les tourbières possèdent le potentiel de rendre le changement climatique hors de contrôle.
"Même avec les promesses actuelles faites dans le cadre de l'Accord de Paris nous nous dirigeons vers une augmentation des températures de plus de 3 °C au cours de ce siècle", déclare Erik Solheim, le chef de l'ONU Environnement. "Les conséquences seront désastreuses pour des millions de personnes vulnérables, nous ne pouvons donc pas nous permettre de laisser passer une opportunité de réduire les émissions."
"Des mesures immédiates prises dans le cadre de l'initiative mondiale pour les tourbières pourraient contribuer à limiter le changement climatique. Il est crucial que nous évitions une situation où les tourbières n'absorberaient plus le carbone et que celui-ce se disperse dans l'atmosphère anéantissant ainsi tout espoir de lutter contre le changement climatique."
Malgré leur importance, les tourbières font face à des menaces de plus en plus importantes, principalement en raison de la production d'huile de palme et de pâte de bois. L'assèchement des tourbières est responsable de problèmes environnementaux, les plus évidents étant les énormes incendies qui ont frappé l'Indonésie et la Russie ces dernières années.
En Indonésie, les journées les plus sombres des incendies de forêts et des champs de tourbe ont été responsables d'émissions de gaz à effet de serre supérieures aux émissions quotidiennes de l'économie totale des États-Unis. Dans les États baltiques et du Nord les tourbières asséchées sont responsables de 25 % des émissions totales.
Les conséquences de la dégradation des tourbières vont au-delà des émissions. Des études récentes ont montré que les incendies de champ de tourbe de l'année 2015 ont touché 45 millions de personnes, et ont indirectement été responsable du décès de plus de 100 000 personnes victimes de la brume toxique. Ces incendies ont également causé une perte économique de 16,1 milliards de dollars (à savoir deux fois le montant de la reconstruction d'Aceh suite au passage du Tsunami)
L'initiative mondiale pour les tourbières, dirigée par l'ONU Environnement et bénéficiant du soutien d'une douzaine de partenaires, est à ce jour l'effort le plus important en faveur des tourbières. Son objectif est d'améliorer la conservation, la restauration et la gestion durable des tourbières dans les pays où elles sont présentes en grand nombre afin que l'agriculture, la biodiversité et au climat bénéficient des avantages qu'elles présentent.
Les membres fondateurs de l'initiative mondiale des tourbières sont les gouvernements d'Indonésie, du Pérou, de la République du Congo, l'ONU Environnement, la FAO, la Commission européenne, le CIFOR, Wetlands International, le PNUE-CMSC, GRID-Arendal, la Convention de Ramsar sur les zones humides, l'Agence spatiale européenne, WRI, Greifswald Mire Centre, et SarVision/Sateligence.
L'initiative a été lancée à l'occasion du Forum mondial sur les paysages, l'évènement majeur des discussions relatives au changement climatique de la COP 22 à Marrakech, au Maroc.
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