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Le caribou et le papillon monarque : des migrateurs emblématiques du Canada en grave danger


Du saumon coho, au caribou, en passant par le très apprécié papillon monarque, la migration est un élément essentiel à la biodiversité canadienne. Les espèces migratrices, la migration et les déplacements ont tous occupé une place importante dans les délibérations semi-annuelles du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), tenues du 27 novembre au 2 décembre.

Les jeunes saumons coho du bassin intérieur du fleuve Fraser quittent le bassin hydrographique et passent la majeure partie de leur vie adulte en mer avant de retourner dans leurs rivières natales pour pondre leurs oeufs. Le Comité a étudié les menaces présentes en eau douce et en eau salée, et la situation de cette espèce sauvage a été évaluée comme ayant connu une amélioration, passant de la catégorie « en voie de disparition » à la catégorie « menacée ». Malgré une gestion active continue et certaines améliorations, la situation du saumon coho du Fraser intérieur est encore précaire.

Une autre espèce migratrice emblématique examinée par le COSEPAC est le caribou. Plusieurs populations franchissent en masse des centaines de kilomètres entre leur aire de mise bas et leur aire d'hivernage chaque année. Le caribou a fait l'objet de déclins alarmants. La science ainsi que les connaissances traditionnelles autochtones indiquent des déclins sans précédent chez plusieurs hardes avec certaines activités humaines figurant maintenant dans le paysage, lesquelles pourraient potentiellement perturber les cycles naturels. Selon Justina Ray, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des mammifères terrestres, « Les caribous sont malheureusement très sensibles aux perturbations humaines, et nous dérangeons le caribou de plus en plus. Ces facteurs de stress semblent interagir de manière complexe avec le réchauffement rapide dans le Nord. Nombreuses grandes hardes de caribous nordiques ont maintenant atteint des niveaux historiquement bas, et il y a lieu de s'inquiéter qu'elles ne se remettront pas de la même façon qu'elles l'ont fait précédemment. » Le COSEPAC a examiné pour la première fois la situation de deux telles populations. Les deux se sont avérées être en difficulté : le caribou de la population de la toundra a été évalué comme étant « menacé », alors que la population, beaucoup plus rare, des monts Torngat dans le nord-est du Canada a été évaluée dans une catégorie de risque encore plus élevée, soit la catégorie « en voie de disparition ».

Le papillon monarque est une troisième espèce migratrice qui a été examinée par le COSEPAC. Ces insectes parcourent à l'automne plus de 4 000 kilomètres vers le sud jusqu'au Mexique pour hiverner. Ils se reproduisent lors du voyage de retour, et leur progéniture, sur trois générations, arrive au Canada au printemps. Toutefois, les aires d'hivernage remarquablement minuscules où les monarques se rassemblent continuent de s'effriter par la perte d'habitat. La migration du papillon monarque est maintenant reconnue comme un « processus menacé » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En effet, c'est le seul processus naturel qui porte cette regrettable mention. Le COSEPAC a évalué l'espèce comme étant « en voie de disparition ». Jennifer Heron, coprésidente du Sous-comité de spécialistes des arthropodes, résume la situation : « Nous devons continuer à soutenir la conservation de l'habitat d'asclépiades de la chenille au Canada et tout le long du parcours migratoire, et nous devons appuyer la conservation soutenue des aires d'hivernage critiques. Sinon, la migration du monarque pourrait disparaître, et le Canada pourrait perdre cette espèce emblématique. »

Le Puffin à pieds roses se trouve dans une situation comparable. Un grand nombre de ces oiseaux, ne se reproduisant que sur trois petites îles au large de la côte du Chili, se déplacent sur des milliers de kilomètres vers le nord pour se nourrir le long de la côte de la Colombie-Britannique, pendant nos mois d'été. L'habitat méridional de l'espèce fait face à de multiples menaces posées par les humains et les prédateurs exotiques, et les puffins font l'objet d'une prise accessoire dans l'ensemble de l'aire de répartition, causant ainsi leur mort. Cet oiseau rare a été réévalué comme espèce « en voie de disparition ».

L'interférence anthropique cause également des problèmes pour les déplacements des animaux à des échelles plus petites et locales. Les barrages qui empêchent la truite fardée versant de l'ouest de se déplacer entre ses aires de frai et d'alimentation ont contribué à la réduction de sa répartition en Alberta. Les populations de la rivière Saskatchewan et du fleuve Nelson de ce poisson ont été réévaluées comme étant « menacées ». Les lentes tortues mouchetées, qui peuvent vivre 80 ans, parcourent jusqu'à trois kilomètres à partir des plages de nidification et d'autres habitats estivaux pour se rendre à quelques petits bassins d'eau douce où elles hivernent, et ce, année après année. Les véhicules menacent de plus en plus cette tortue rare partout où les routes croisent les parcours saisonniers des tortues; cette espèce a donc été évaluée comme étant « en voie de disparition » en Nouvelle-Écosse et dans le centre du Canada.

Contrairement à la plupart des espèces évaluées par le COSEPAC, le requin bleu, lequel est largement répandu, a été évalué comme étant « non en péril » au Canada, ce qui est attribuable en partie à une gestion réussie continue. De nouvelles données de localisation par satellite pour ce migrateur de longue distance réputé ont confirmé des déplacements sur de longues portées et des migrations saisonnières entre les habitats côtiers et les habitats plus profonds au large.

Parmi les espèces évaluées, le requin bleu a été l'exception. De nombreuses espèces migratrices connaissent un déclin en phase avec les entraves humaines et les changements à l'habitat. Le président du COSEPAC, Eric Taylor, a déclaré : « Les perturbations dans le comportement migratoire sont associées à la menace de disparition des espèces partout dans le monde. Nous devrons continuer à changer notre façon d'utiliser notre paysage afin que nous et les espèces sauvages coexistions tous harmonieusement. Le travail d'évaluation des espèces sauvages canadiennes par le COSEPAC nous aide à y parvenir. »

Source : COSEPAC

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