TRAFFIC, le Réseau de surveillance du commerce de la faune et de flore sauvages, a publié le 7 septembre, la première étude complète sur le commerce illégal d’ivoire dans cinq pays d’Afrique centrale depuis près de 20 ans. Ce rapport présente les résultats des enquêtes de terrain sur les marchés d’ivoire réalisées dans 11 villes de cinq pays d’Afrique centrale en 2007, 2009, 2014 et 2015. Le rapport se montre alarmant en soulignant d’emblée que « l’Afrique centrale a été identifiée comme l’une des principales sources d’approvisionnement illégal en ivoire du commerce national d’ivoire non réglementé dans toute l’Afrique de l’Ouest et centrale, et dans les destinations étrangères, en particulier en Asie au cours des dernières années ».
En effet, si d’une manière générale, les marchés ouverts à la vente d’ivoire ont diminué dans toute l’Afrique centrale depuis 1999, note le rapport, « les informations recueillies au cours des enquêtes dans la plupart des villes d’Afrique centrale visitées ont révélé que le commerce de l’ivoire dans la sous-région passe d’un commerce domestique ouvert d’ivoire travaillé de détail aux transactions souterraines, en mettant l’accent sur l’exportation d’ivoire brut sur les marchés étrangers, en particulier la Chine ». Il s’agit donc du constat d’une mutation : du commerce légal de l’ivoire en baisse, vers une économie souterraine en net augmentation.
Le rapport identifie trois facteurs qui compromettent gravement la lutte contre le trafic d'ivoire en Afrique centrale : la faible gouvernance, la corruption et de l’évolution changeante du commerce. En cause également, les groupes armés en RDC, RCA et Congo qui se livrent au pillage des ressources.
Le rapport formule dix recommandations qui couvrent des questions telles que : le renforcement de l’application de la loi contre le commerce illégal de la faune sauvage ; l’harmonisation de la législation sur la faune sauvage à l’échelle nationale et régionale ; la collaboration inter-organisations et régionales ; l’utilisation efficace du système d’information sur le commerce des éléphants (ETIS) ; l’engagement pour la mise en œuvre effective des plans d’action nationaux pour l’ivoire (PANI) ; la gestion efficace des stocks d’ivoire ; le changement de paradigme des parties prenantes ; la fermeture définitive du marché d’ivoire de Kinshasa-RDC ; les enquêtes régulières (tous les deux ans) et le suivi de l’action pour mettre en œuvre les engagements pris.
Le rapport a été financé par le Ministère français de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable, et de l’Aménagement du Territoire, le WWF France et le WWF International, ainsi que par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) dans le cadre du projet « Wildlife Trafficking, Response, Assessment and Priority Setting » (TRAPS).
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