Selon le nouveau rapport des experts internationaux sur le climat, un réchauffement global de 1,5°C aura déjà des impacts majeurs sur la biodiversité. Les écosystèmes subissent par ailleurs d’autres menaces telles que la perte et la fragmentation des habitats, les invasions biologiques, la surexploitation, la pollution… amenant les experts à parler de sixième crise d’extinction. Ces analyses viennent confirmer l’accompagnement à la résilience des milieux comme un impératif pour sauvegarder la biodiversité locale. Dans cette optique, le programme de recherche « Les Sentinelles du climat », porté par l’association Cistude Nature, développe la connaissance sur 20 espèces indicatrices dans 5 milieux sensibles de Nouvelle-Aquitaine. Conduite sur 6 ans, l’étude vise à évaluer et prédire la réponse de la biodiversité face au changement climatique.
A 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, la biodiversité est déjà menacée
Il y a quelques jours, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) lançait une nouvelle alerte sur l’urgence d’agir pour réduire drastiquement nos émissions globales de gaz à effets de serre. S’il est toujours possible de contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C, une telle ambition sera au prix de transformations « rapides » et « sans précédents ». Au rythme actuel, ce seuil de 1,5°C devrait être atteint entre 2030 et 2052. Et les engagements pris par les Etats dans le cadre de l’accord de Paris nous mènent sur une trajectoire à 3°C d’ici à la fin du siècle.
Mais même limité à 1,5°C, le réchauffement climatique aurait des répercussions considérables sur la biodiversité : 6% d’insectes, 8% des plantes et 4% des animaux vertébrés perdraient la moitié de leur habitat. Des estimations à doubler, voire tripler pour les insectes, dans un monde à 2°C.
A la lecture de cette analyse, l’accompagnement des écosystèmes vers la résilience devient incontournable. Dans cette optique, il convient de développer la connaissance des espèces les plus exposées aux effets du changement climatiques.
Une meilleure connaissance des espèces pour accompagner la résilience des milieux
Le programme de recherche scientifique « Les sentinelles du climat », porté et coordonné par l’association Cistude Nature, est né du constat d’un manque de données globales à l’échelle régionale. Or, selon les conclusions du premier rapport d’AcclimaTerra, comité scientifique régional sur le changement climatique, la Nouvelle-Aquitaine est l’une des régions de France où le réchauffement risque d’être le plus fort.
Pour mesurer les effets du changement climatique sur la biodiversité de Nouvelle-Aquitaine, les scientifiques* du programme travaillent sur une diversité de milieux naturels particulièrement sensibles : dunes atlantiques ; pelouses, rocailles et torrents de montagne ; pelouses calcicoles ; milieux humides ; hêtraies de plaines. Dans chacun de ces milieux, des espèces aux faibles capacités de déplacement ont été sélectionnées et font l’objet de suivis réguliers pendant six ans. Données auxquelles sont couplés des relevés de stations météorologiques. Lézard ocellé, grenouille des Pyrénées, marmotte, azuré des mouillères… ces espèces dites « sentinelles » devraient être parmi les plus impactées par les variations climatiques locales.
Croisées aux bases de données régionales, les données récoltées sur terrain par les naturalistes alimenteront des modèles statistiques. Associés aux scénarios du GIEC, ces modèles fourniront des projections de réponse de la biodiversité à même d’éclairer les choix politiques et de gestion des territoires. A titre d’exemple, les données fournies par le programme pourraient orienter les aménagements en vue d’accompagner les habitats naturels ou préserver des zones à enjeux vis-à-vis du changement climatique.
*liste des partenaires financiers : Union européenne, Région Nouvelle-Aquitaine, Département de la Gironde, Département de Pyrénées Atlantiques,
Liste des partenaires techniques : université de Pau et des pays de l’Adour, CNRS, CNRS de Chizé, CBN Sud-Atlantique, CEN Aquitaine, DGE, GMHL, Graine Aquitaine, IPHC, UMR passages… (liste complète sur le site internet du programme)
Les Sentinelles du Climat en chiffres clés
1 territoire : la Nouvelle-Aquitaine
5 écosystèmes sensibles aux changements climatiques : milieux dunaire, sec, humide, forestier, montagnard.
6 années de suivi : de 2016 à 2021
15 structures impliquées dans le programme
20 espèces ou groupes d’espèces indicatrices
Plus de 250 sites de suivi (chiffre en évolution)
Plus de 200 stations météorologiques
2 thèses en cours depuis octobre 2018
Plusieurs millions de données récoltées
En savoir plus sur le programme de recherche « Les Sentinelles du climat » :