Tour à tour craints, persécutés puis privés d’habitat, les aigles royaux ont vu leur population largement décliner entre le XIXe siècle et les années 70… avant de connaitre un fort regain démographique à partir des années 80. Mais comment optimiser désormais leur suivi dans les parcs nationaux (PN) français ?
Une étude vient d’être publiée, portée par le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), lauréat d’un appel à proposition lancé par le Centre méditerranéen Environnement et biodiversité. Elle s’intitule « Suivi des populations d’Aigles royaux dans les parcs nationaux français, analyses et recommandations » et tente de répondre à la question précédente en partenariat avec quatre parcs nationaux en particulier : Vanoise, Cévennes, Ecrins, Mercantour
« Au vu des faibles effectifs d’aigles présents à la création des PN de montagne (Vanoise, Pyrénées, Cévennes, Ecrins, Mercantour), leurs équipes scientifiques ont choisi de mettre en œuvre un suivi exhaustif de la reproduction des couples d’aigles présents sur leurs territoires respectifs » , explique l’étude. « Suite au regain démographique de l’espèce, il est devenu de plus en plus difficile de maintenir un tel effort de suivi, surtout dans le contexte de diversification des missions et de réduction des moyens qu’ont connu les PN ces dernières années. De plus, la pertinence d’un suivi axé uniquement sur la reproduction est aujourd’hui questionnée. »
Le CEFE a donc réalisé un travail d’analyses des données historiques et d’exploration de stratégies d’échantillonnage afin de proposer des pistes d’évolution des protocoles de suivi de cette espèce.
Les chercheurs ont par exemple constaté que « les courbes de détection (relation entre le temps de suivi et la probabilité de détection d’un couple) révèlent que l’effort requis pour maintenir un suivi exhaustif tout en s’assurant une probabilité de détection élevée est intenable pour les PN alpins. »,. Par contre, le suivi exhaustif est encore envisageable dans le PN des Cévennes notamment, car « le nombre de couples à suivre reste relativement faible.
Par ailleurs, souligne l’étude : « Il existe une relation inverse entre la taille de population d’aigles et la fécondité des couples . Cela suggère que la productivité (fécondité) des aigles ne peut pas être considérée (seule) comme un indicateur fiable de l’état de santé de la population. Le suivi de la reproduction n’est donc pas la priorité. »
Ensuite, « les populations d’aigles royaux sont beaucoup plus sensibles aux perturbations affectant la survie (notamment la survie adulte) que celles qui impactent la reproduction. Il est donc important d’explorer la possibilité de suivre et d’estimer la survie des adultes. Dans cet objectif, nous avons lancé une étude pilote se basant sur la génétique. »
En conclusion : « il est possible de détecter des déclins de population, de façon robuste, à partir d’un suivi non exhaustif des couples et d’un effort relativement modéré . La meilleure stratégie pour détecter des déclins consiste à suivre 10-15 couples chaque année, et d’investir un effort de suivi suffisant pour détecter les couples actifs. La clé est de s’assurer d’avoir une probabilité de détection supérieure à 90% pour tous les couples suivis une année donnée. »
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