Enfourcher la petite reine serait une pratique d’avenir, plus qu’un usage désué du passé.
C’est ce que démontre l’étude « Impact économique et potentiel de développement des usages du vélo en France » qui vient de paraitre.
Fruit d’un travail collectif de plusieurs mois, elle dresse un état des lieux des différents usages du vélo en France, y compris les usages professionnels et de leurs trajectoires d’évolution à 5 ou 10 ans.
Elle a été réalisée par les cabinets Inddigo et Vertigo Lab à la demande de la Direction générale des entreprises, la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer, l’Agence de la transition écologique (Ademe) et la Fédération française de cyclisme.
« L’enjeu du développement de la pratique du vélo se pose d’autant plus à l’aune de la crise sanitaire sans précédent liée au Covid-19, qui nécessite la mise en place de mesures en vue de limiter au maximum l’engorgement des transports en commun afin d’y permettre la distanciation physique, geste barrière préconisé par les autorités sanitaires », fait valoir l’étude.
D’abord, elle fait un état des lieux de la dernière décennie. Elle note le « retour du vélo dans le centre des grandes villes » ainsi « qu’une forte hausse de la pratique du vélo pour aller au travail. »
Concernant le marché, l’étude note « une croissance importante du marché du vélo en valeur », tirée par le haut par la développement du vélo à assistance électrique (VAE) ; une hausse des fabrications françaises ; une augmentation des investissements des collectivités dans les politiques cyclables ; et enfin une croissance très importante des retombées économiques du tourisme à vélo .
Toutefois, les pistes d’amélioration sont multiples : la France reste « en retard en matière de pratique cycliste, loin derrière la moyenne européenne » ; il existe une fracture territoriale majeure de la pratique ; les auteurs de l’étude ont aussi constaté une baisse de la pratique des enfants et des jeunes ; enfin, le déficit de la balance commerciale s’est creusé.
L’étude pointe l’extraordinaire potentiel du vélo en soulignant que les collectivités « qui investissent fortement dans le vélo obtiennent des résultats ».
Elle avance le « potentiel considérable de transfert modal », ainsi que celui du VAE, un « outil majeur pour réduire les fractures sociales et territoriales », et du tourisme à vélo.
Sur les retombées économiques possibles, la conclusion est claire : « En l’état actuel des pratiques, les retombées économiques directes des usages du vélo sont estimées à 8,2 milliards d’euros par an et à près de 80 000 emplois. En tenant compte des activités induites, des activités indirectes et des bénéfices en matière de santé, les retombées socioéconomiques du vélo pèsent aujourd’hui pour 29,5 milliards d’euros pour une part modale d’à peine 3%. L’atteinte de l’objectif du Plan Vélo et Mobilités Actives, soit 9% de part modale du vélo dans les déplacements du quotidien permettrait de doubler ces retombées. À l’horizon 2030, une part modale ambitieuse de 24% représenterait plus de 130 milliards d’euros de retombées socioéconomiques. »
(photo Ademe)