L’Ong internationale Rainforest Alliance a offert des équipements à quatre très petites entreprises (Ets Niama B, Gic APEB, Gic Lehiebong, Gic Tsetsa’bong) et trois Organisations communautaires de base (Gic Afa’apon, Gic Ndasse et Gic Agremobat) en activité dans le paysage des Monts Bamboutos, situé entre les régions de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, du 20 au 21 mars dernier. L’activité, à en croire le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans la région de l’Ouest, Jacques Waouo, vise à améliorer les conditions de transformation et de conditionnement des produits agricoles. Tout est parti d’un constat : la transformation des produits qui est située au niveau de la chaîne de valeurs entre les producteurs et les réseaux de distribution alimentant le consommateur final est très peu présente au sein du paysage des Monts Bamboutos. Par conséquent, les producteurs font face à des pertes post-récolte et à une baisse « significative » de leurs revenus.
« Dans les monts Bamboutos, la majorité des activités (surtout agricoles) sont faites par les femmes, à hauteur de 95%. Il fallait donc soutenir ces femmes et les associer dans le processus de gestion durable du paysage. Si on prend des décisions qui vont impacter la vie communautaire sans que la femme ne soit impliquée, elles ne seront pas implémentées sur le terrain », explique M. Waouo. En guise de soutien, il fait allusion au projet de renforcement des droits socio-économiques des femmes par leur engagement dans la gestion communautaire et écologiquement durable du paysage (Women in COBALAM en anglais). Le pari de ce projet est de concilier « gestion responsable des ressources » et « amélioration de revenus économiques et de la vie sociale ».
Des activités inscrites dans la durabilité
Lors du passage de l’Ong Rainforest Alliance à Bafoussam 1er (département de la Mifi), l’Ets Niama B a bénéficié d’une laveuse éplucheuse de pomme de terre, d’un broyeur produit en poudre, d’un tamis vibrant, d’une scelleuse à bande avec dateur, d’un séchoir de 36 plateaux, d’une découpeuse/trancheuse de légumes et fruits et d’une conditionneuse/ensacheuse semi-automatique. La structure spécialisée dans la transformation agro-alimentaire (la pomme de terre, le haricot vert, la tomate, l’igname et la carotte notamment) ne pouvait pas espérer mieux. « Ces équipements vont nous permettre d’accroître notre productivité, de recruter certains jeunes qui sont au chômage et d’éviter les pertes post-récolte. Avant, nous produisions en infime quantité. Nous allons entrer dans la grande production », justifie Jorelle Penkam, promotrice de Niama B.
Le Gic Lehiebong (la sagesse est bien en langue ngiemboon parlée dans le département des Bamboutos, région de l’Ouest; ndlr), qui produisait jusqu’à présent de l’huile d’avocat de manière manuelle, a reçu un séchoir de 12 plaques (fonctionnant avec l’énergie électrique, le charbon écologique et le gaz), une presse à huile végétale, 300 bouteilles de 0,5 l et 500 bouteilles de 125 ml. Les équipements mis à disposition de cette organisation de neuf membres dont huit femmes vont leur permettre de réduire la pénibilité du travail, précise Gervais Junior Nsibeuweula Kam, coordonnateur des programmes à l’organisation Services d’appui à la protection de l’environnement et au développement (SAPED), partenaire technique de mise en œuvre du projet sur le terrain. Avant, le Gic dirigé par Anne Fouemene produisait à peine un demi-litre d’huile d’avocat à partir de 30 kg d’avocat. Désormais, il leur est possible de produire un litre à partir de 10 kg d’avocat.
L’aspect genre est une priorité
D’autres organisations ont, quant à elles, reçu des moulins à écraser (pour manioc et maïs). Ici, le mode de gestion répond non pas à une logique économique, mais à une cause communautaire. « Le moulin est utilisé gratuitement par les membres du Gic. Mais, les autres membres de la communauté paient un franc symbolique pour régler les factures et entretenir l’appareil », explique S.M. Etienne Tangmouo, délégué du Gic Ndasse situé à Ngading, arrondissement de Mbouda. Dans tous les cas, les appuis mis à disposition s’inscrivent dans le cadre de la composante genre du projet Women in COBALAM qui touche à l’appui socio-économique des très petites entreprises gérées par les femmes et/ou les jeunes femmes.
D’après Rainforest Alliance, la priorité a été accordée à ceux qui transforment les produits phares du paysage des Monts Bamboutos, en l’occurrence la pomme de terre, l’avocat et la carotte. Pour pérenniser le projet sur la durée, les groupes bénéficiaires ont subi des formations en transformation agro-alimentaire et en agribusiness pour un meilleur accès aux nouveaux marchés et aux opportunités commerciales. Le projet Women in COBALAM a démarré en 2020 et il prend fin en 2023. L’Union européenne cofinance le projet avec le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et le Programme des Nations pour l’environnement (PNUE). Le montant global de l’enveloppe est de 892 585 euros, dont 74% soit 660 512 euros par l’Union européenne et 26% soit 232 072 euros cofinancé par le projet « Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion durable des forêts par la gestion communautaire des paysages » (COBALAM).
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