Dix-huit millions d'arbres plantés par des femmes du Niger
Le projet Keita financé par la Coopération italienne et exécuté par la FAO, a récupéré plus de 34 000 ha de terres en fixant les dunes et en augmentant la superficie cultivable ainsi que les pâturages et les aires forestières. Fin 2000, 18 millions d'arbres avaient été plantés, la plupart fourragers. Ils représentent aujourd'hui une ressource vitale pour les habitants de la région, les éleveurs en particulier, et pour la planète. Les plantations du projet contribuent en effet à la lutte contre l'effet de serre, puisqu'elles permettent de piéger dans le sol quelque 132 000 t de gaz carbonique (CO2) par an, qui sans cela s'échapperaient dans l'atmosphère. "Ces femmes ont bouleversé les habitudes de travail et révolutionné les mentalités. Autrefois, la construction et le transport de cailloux étaient exclusivement réservés aux hommes", rappelle Ibrahim Amadou, ancien chef de chantier.
Lorsque le projet Keita a pris fin, ses responsables ont attribué aux femmes les terres récupérées sur les plateaux. Durant les enquêtes menées avant le démarrage du projet, ces parcelles avaient en effet été déclarées sans propriétaires. "Des chefs de villages l’avaient attesté et indiqué que ces plateaux ne servaient que d’enclaves pastorales aux transhumants", confie Fatima, qui a participé aux travaux.
Mais, dès que les agents du projet sont partis, les hommes, de retour d’exode, ont pressé les femmes de leur rendre "leurs" terrains, arguant qu’ils appartenaient à leurs grands-parents. "Nous sommes allés en exode, car les terres étaient improductives. Maintenant, nous allons rester pour travailler et développer notre localité", justifie Adoul Karimou, qui exploite un terrain retiré à une femme.
Résultat : les agricultrices expropriées se retrouvent sur des terres improductives dont personne ne veut. "Quand j’ai perdu mon terrain sur le plateau, un parent m’a prêté ce lopin de terre. Mais il est de mauvaise qualité", témoigne par exemple Aïchatou.
Au Niger, pays agricole aux traditions très vivaces, la terre appartient à l’homme ou au lignage. Les femmes y accèdent par héritage, location, emprunt et achat. Mais elles ne bénéficient d’aucune sécurité sur leurs parcelles. Même quand elles les mettent en valeur, elles peuvent en être expulsées à tout moment.
Source : Syfia International
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