Une bonne frange de la population continue d’aller voir des tradipraticiens pour satisfaire ses besoins en santé. Mais ce secteur est aujourd’hui affecté par des maux qui ont pour noms désorganisation et absence de statut. C’est pourquoi des praticiens ont plaidé pour sa légalisation.
La médecine traditionnelle a encore la cote au Sénégal, comme dans la plupart des pays en voie de développement où 80 % des populations en sont tributaires. Raison pour laquelle, en sus des dérives notées dans le secteur, Kaoussou Sambou, tradipraticien et détenteur d’une officine de médecine traditionnelle à l’hôpital de Fann, demande à l’Etat de légaliser. Mieux, il plaide pour son intégration dans la politique de santé publique du Sénégal. Il a fait, samedi dernier, une communication sur « Place et fonction des officines traditionnelles dans les systèmes de santé ». C’était lors d’un colloque initié par le Comité sénégalais pour la chimie (Csc) sur « Pharmacopée des plantes médicinales de l’Afrique de l’Ouest : enjeux et développement ». M. Sambou a constaté, pour le déplorer, que de nos jours, chacun peut se dire spécialiste de la médecine traditionnelle. Il suffit simplement, a-t-il poursuivi, d’avoir une petite somme d’argent pour payer de la publicité dans une radio ou dans une chaîne de télévision. Dr Maïmouna Kane, dans son exposé sur « L’état de la diversité des champignons supérieurs à sporophore du Sénégal », a lancé un cri du cœur pour la conservation de la biodiversité dans certains coins de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, surtout le couvert végétal situé derrière la Faculté de médecine. « J’attire l’attention des autorités sur le déboisement constaté derrière la Faculté de médecine. Cette situation provoque la disparition d’espèces et surtout de champignons », a déploré Mme Kane.
Selon le doyen de la Faculté de médecine, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du colloque, la pharmacopée et la médecine traditionnelle ont toujours été au cœur des préoccupations des populations. Pour le Pr. Amadou Serigne Ndiaye, doyen de la Faculté des sciences et techniques et président du Comité sénégalais pour la chimie, le thème est intéressant au regard du développement de la médecine traditionnelle et de l’utilisation des plantes dans le traitement des maladies. Il a également noté que la chimie est à la fois une discipline scientifique et industrielle.
Ce colloque, qui en est à sa première édition, intervient au moment où le Sénégal devient membre de l’Union internationale de chimie pure et appliquée (Iupac). Cette Ong internationale, comme l’indique son nom, traite des questions planétaires relevant de la chimie pure et de ses applications. Le Comité sénégalais pour la chimie regroupe des chimistes en provenance des universités publiques de notre pays, des centres de recherche nationaux et internationaux et du monde industriel. Il compte aussi des chimistes de la diaspora sénégalaise.
Ndiol Maka SECK
Source :lesoleil.sn
09/12/24 à 11h08 GMT