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Le développement de l'industrie de l'énergie éolienne au Nouveau-Brunswick, où sommes nous rendus 10 ans plus tard ? Le cas de la Péninsule acadienne



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    En dépit des jours glorieux qu'a connu la coopérative d'énergie renouvelable de Lamèque avec l'inauguration des 45 MW il y a plusieurs jours, le projet de doter à la province une production de 400 MW d'électricité puisés à partir d'éolienne stagne depuis deux ans. Bien que dans le sud-est de Caribou, près de Bathurst et de Lamèque, les turbines de Kent Hills fournissent déjà 298 MW en électricité à près de plus de 50 000 foyers , on s'interroge toujours à quand Énergie NB et la province annonceront qui aura le droit de produire les 102 MW restant, promis d'ici à 2016.

    La réalisation des petits projets communautaires d'énergie éolienne (15 MW pour environ 30 millions $), mais aux retombées économiques locales considérables, se voit obligée de marquer un temps d'arrêt lequel permettra au gouvernement provincial d'évaluer son offre énergétique en vue d'évaluer de nouvelles façons de développer l'éolienne. Cette pause, jugée bonne pour l'industrie éolienne néo-brunswickoise est, selon Yves Gagnon, professeur et titulaire de la Chaire K-C Irving de développement durable à l'Université de Moncton ; liée aux effets de la crise économique mondiale récente. De plus, il considère les avancées en cinq ans dans ce domaine comme un succès et de sa ferme assurance à la pérennisation de l'éolienne dans la province : "Nous sommes partis de zéro à près de 300 mégawatts. Il y a cinq ans il n'y avait aucune installation dans la province. L'éolienne occupe maintenant une place appréciable dans le portefeuille d'Énergie NB. Le ralentissement que nous observons chez nous depuis deux ans se voit partout dans le monde. Dans ce sens, c'est bon, car ça nous a permis de bien intégrer cette nouvelle source d'énergie dans le réseau provincial, de prendre un peu de recul et d'évaluer de nouvelles façons de développer l'éolienne. Car une chose est certaine, l'éolienne va continuer à se développer chez nous."

     Le président et chef de direction d'Énergie NB garde une vision plus élargie et associe à côté de l'éolienne d'autres sources d'énergie renouvelable. Selon ses propos, l'éolienne est réduit à un simple projet option comme la biomasse ou l'hydroélectricité, mais qui demeure cependant l'une des priorités de la province: "Ça prend une demande pour l'éolienne et il y a d'autres options aussi, comme la biomasse ou l'hydroélectricité. Pour nous, l'éolienne est l'une des nos priorités. Ce sont tous des projets qui aident à obtenir de l'énergie renouvelable pour notre province."

    Le vice-premier ministre Paul Robichaud, lui consent que les choses n'ont pas pris la tournure attendue. Selon lui, l'ancien gouvernement libéral s'est pressé de jeter trop vite les dés en affaires, dans leur action de bonifier de 100 à 400 MW les possibilités éolienne en 2007, quand bien même la demande d'électricité a considérablement chuté suite à la fermeture de plusieurs industries énergivores depuis quelques années. Selon ses propos, à la différence du premier gouvernement qui n'a pas rempli sa promesse de combler les 400 MW annoncés, le projet poursuit son cours et n'est ni ralenti ni freiné puisqu' actuellement nous sommes à près de 300 MW. Leurs actions se résumant à une réévaluation du processus énergétique afin de définir une politique propre à la demande pour poursuivre dans la logique de province exportatrice d'électricité. "Nous sommes en train de réévaluer tout le processus énergétique et nous voulons prendre le temps de définir notre politique. Les demandes ne sont plus les mêmes avec la fermeture d'industries de pâtes et papier qui étaient des grosses consommatrices d'énergie. Tout ça fait partie du mandat du ministère de l'Énergie, et dans ce mandat, il y a la question de savoir si nous continuons vers cette direction de l'énergie éolienne", a-t-il mentionné.

    Seulement, la Péninsule acadienne aurait beaucoup à perdre du point de vue de sa richesse en vent exploitable qui peut générer des bénéfices annuels tirés par la vente d'électricité. Mais Paul Robichaud, conscient de cette situation assure que ces conditions feront l'objet d'une balance dans l'étude de la nouvelle politique.

    Paul Lanteigne, l'un des "trois amigos" de la coopérative d'énergie renouvelable de Lamèque, reste certain d'une chose c'est que la province verra la réalisation du projet en dépit des difficultés présentes. Il rappelle à titre d'exemple qu'il aura quand même fallu 12 ans avant de voir l'inauguration officielle du parc, il y a près d'un mois. Pour renchérir, il ajouta que Lamèque représente le plus gros investissement privé de l'histoire de la Péninsule acadienne, avec 115 millions $. Il reste toujours convaincu quant au grand potentiel éolien qu'a la région et est persuadé que la communauté de Lamèque sera perçue comme précurseur du développement de l'énergie renouvelable. Cependant, il souligne le fait qu'il existe certaines discordances dans les agissements de la municipalité car la solution au problème, selon lui est la coopération entière de tous les membres, puisque la formule est bonne.  "Nous avons de grandes étendues et du vent en quantité. Mais le premier message est la coopération. Je crois que la solution est là-dedans. Les municipalités doivent cesser leurs esprits de clocher et commencer à travailler ensemble. La formule est bonne, elle a fonctionné à Lamèque et elle peut fonctionner ailleurs dans la Péninsule acadienne", déclara-t-il.

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