" Ce n'est pas croyable " s'exclame un membre d'une association de riverains. Ils ont fait appel à un consultant pour dresser un portrait des principales actions à réaliser pour sauver un lac des algues bleues. " Il a pris son paquet de gommes, a déballé un morceau et a jeté son papier devant tout le monde dans un buisson au bord du lac ". Le consultant se préparait à aller présenter les grandes lignes de son rapport aux riverains.
Les contradictions entre théorie et pratique ne sont pas nouvelles en matière environnementale. Le double langage semble si fréquent en matière de durabilité qu'il nuit au message. La sensibilisation environnementale que l'on observe depuis quelques années chez les Québécois est toute relative et, souvent, elle ne se traduit pas dans les faits.
Il appert d'autant plus important que la communauté environnementale soit consciente de ses gestes publics. Par communauté environnementale, on pense normalement aux organisations non gouvernementales et aux écologistes. Toutefois, aux yeux du public, et dans un sens plus large, les techniciens et consultants en environnement font aussi partie de cette communauté.
Un consultant n'est pas nécessairement un écologiste militant, certes. Un minimum de décorum est pourtant nécessaire dans l'exercice de toute profession. L'histoire du paquet de gomme l'illustre bien. En jetant son papier dans un des buissons de la " bande riveraine ", le consultant envoie deux messages. Premièrement, il ne se préoccupe pas de la situation de ses clients, encore moins de la santé de l'écosystème. Il risque de bâcler son travail. Deuxièmement, il démontre une incompréhension de la dynamique même de l'écosystème. Un papier de paquet de gomme peut prendre jusqu'à cinq ans avant de se décomposer. La chique de gomme elle-même : une à deux années.
En gestion environnementale, surtout lorsqu'il s'agit de remédier à des problématiques sur le terrain, le meilleur consultant sera celui qui prendra le temps de bien comprendre un lieu, de le " vivre ". Pour bien comprendre un mandat comme celui décrit ici, le consultant passera une partie importante du temps consacré au mandat sur le terrain ; les pieds dans l'eau. Bien des entreprises offrants des services-conseils en environnement ne prennent pas le temps de se rendre sur place et, lorsqu'ils le font, c'est souvent pour faire un survol superficiel des lieux. Des erreurs importantes se glissent dans les rapports lorsque l'on étudie seulement une carte topographique dans le confort d'un bureau.
" Les clients veulent de plus en plus comprendre l'implication, voire l'engagement personnel d'un consultant dans un dossier " explique Marc Belley, directeur général adjoint du groupe-conseil Takt-etik. L'équipe de Takt-etik est jeune et engagée. La moyenne d'âge de ce petit groupe de consultants avec des bureaux à Québec et Montréal est de 31 ans. Monsieur Belley souligne que " c'est souvent à l'avantage de l'entreprise. Les jeunes qui étudient et se spécialisent en environnement sont souvent eux-mêmes préoccupés et personnellement engagés à protéger l'environnement. Nos clients le savent et cela les intéresse parce que c'est directement lié à la résolution des défis auxquels ils sont confrontés ". Si Takt-etik s'intéresse naturellement aux codes d'éthiques du monde du service-conseil, il est fort à parier qu'il serait inutile d'introduire le concept du " non-jetage de chique de gomme " dans la culture d'entreprise.
Les nombreux petits groupes-conseils qui misent sur l'engagement environnemental des employés font de plus en plus concurrence aux larges organisations. Ils ont plus souvent les pieds dans l'eau. Se mettre les pieds dans l'eau ne signifie pourtant pas qu'ils n'ont pas les doigts secs lorsque vient le temps d'utiliser un clavier. Si les grands groupes-conseils ont souvent un nom, une marque, qui viennent avec une certaine réputation, il s'agit souvent de machines si importantes qu'elles risquent les erreurs. Des erreurs associées à la mauvaise connaissance des besoins des clients - erreurs se retrouvant sur papier et pouvant coûter très cher - mais aussi des bévues moins conséquentes qui viennent d'une simple constatation : l'intégrité professionnelle n'est pas toujours synonyme d'intégrité personnelle.
En choisissant un groupe-conseil, il faut toujours mesurer les avantages et les inconvénients associés à la taille des organisations. " Nous voulions utiliser le levier que nous offrait le nom de ce géant du conseil environnemental " explique le représentant de l'Association de riverains avant d'ajouter : " j'étais content ce jour-là de ne pas avoir amené mes enfants à la réunion ". Pour ce qui est de la prolongation du mandat, on peut présumer que... la balloune était crevée.
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