L'Asie sera le prochain pôle de la recherche agricole aux OGM
Par Kathryn McConnell
Rédactrice de l'USINFO
Nous donnons ci-après le second article que nous consacrons à la recherche dans le domaine de la biotechnologie agricole.
Washington - Au cours de la prochaine décennie, la recherche sur des plantes améliorées par la biotechnologie accordera un rôle grandissant à l'Asie, du fait des nombreux projets qui y ont été entrepris.
Les pays asiatiques investissent en effet de plus en plus dans la recherche en biotechnologie agricole afin d'être en mesure de pourvoir à leurs besoins croissants en aliments humains et animaux, en fibres et en carburants, a déclaré M. Clive James, président de l'International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA).
L'ISAAA est un réseau international sans but lucratif dont le siège est à l'université Cornell de New York et qui a des antennes aux Philippines et au Kenya.
Les produits végétaux issus de la biotechnologie, aussi connus sous le nom d'organismes génétiquement modifiés (OGM), se répandent dans les pays asiatiques, qui en font notamment une importation croissante à mesure que les autorisations d'importer se multiplient, a affirmé M. James lors d'un récent entretien accordé à l'USINFO.
Ce chercheur s'est récemment rendu dans plusieurs pays d'Asie. Il affirme que les agriculteurs indiens, chinois, pakistanais, japonais, vietnamiens, sud-coréens et philippins acceptent bien les OGM parce que les plantes traditionnelles sont souvent détruites par les insectes et des conditions climatiques ingrates. Ces agriculteurs ont tout à gagner sur le plan financier de l'augmentation de récoltes améliorées par la biotechnologie, notamment celles qui résistent aux insectes, parce que cela réduit l'utilisation d'insecticides.
Au fur et à mesure que les scientifiques cherchent des moyens d'améliorer les plantes afin de mieux contrer l'érosion des sols et l'évaporation, le développement de la biotechnologie déclenchera une évolution majeure dans l'ensemble de l'agriculture, a affirmé M. James.
Les plantes dotées de gènes leur conférant un certain degré de résistance à la sécheresse, par exemple, devraient arriver sur le marché entre 2010 et 2011. Cela aura une importance particulière pour les pays en développement, parce que la sécheresse est l'obstacle le plus répandu aux rendements agricoles dans le monde.
L'Inde est en train de devenir un chef de file de la biotechnologie en Asie puisque, pour la première fois, elle a dépassé la Chine en surface cultivée en semences génétiquement modifiées.
En 2006, l'Inde a en effet triplé par rapport à l'année précédente ses surfaces de culture du coton génétiquement modifié. Elle a désormais 3,8 millions d'hectares de cultures biotechnologiques, alors que la Chine n'en a que 3,5 millions.
Selon un rapport publié par l'ISAAA en janvier, les autres pays qui comptent parmi les huit premiers en surfaces cultivées en OGM sont les suivants : États-Unis (54,6 millions d'hectares) ; Argentine (18 millions d'hectares) ; Brésil (11,5 millions d'hectares) ; Canada (6,1 millions d'hectares) ; Paraguay (2 millions d'hectares) et Afrique du Sud (1,4 million d'hectares).
Après le coton, la principale plante génétiquement modifiée commercialisée par l'Asie sera vraisemblablement le riz renforcé en vitamine A, qui a des vertus intéressantes pour la vue et les appareils respiratoire et digestif, a déclaré M. James. Une carence en vitamine A entraîne souvent une cécité prématurée chez les enfants.
La Chine devrait investir 200 millions de dollars dans la biotechnologie en 2007. « La Chine a décidé d'investir dans la biotechnologie parce qu'elle ne veut pas dépendre d'autres pays pour ses aliments, ses fibres et ses carburants. »
L'Inde a prévu d'investir 80 millions de dollars en 2007 afin de développer un réseau national de laboratoires de recherche.
Elle a déjà, grâce à l'aide de l'Agence des États-Unis pour le développement international et à l'université Cornell, mené des recherches sur les principaux légumes consommés dans le pays, à savoir l'aubergine, la pomme de terre et le riz.
Le Vietnam est en train d'investir 70 millions de dollars dans de nouveaux laboratoires de recherche en biotechnologie.
Selon le rapport de l'ISAAA, les pays en développement auraient tout intérêt à créer des partenariats entre secteurs public et privé des pays industrialisés et des pays en développement avancés, comme le Brésil, qui ont acquis une expérience considérable dans le domaine de la production de biocarburants.
Les récoltes biotechnologiques peuvent également contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a souligné M. James, parce qu'elles nécessitent moins de produits chimiques. Or la réduction des carburants utilisés pour épandre ces produits chimiques réduit les montants de gaz carbonique relâchés dans l'atmosphère.
Les auteurs du rapport estiment en outre que d'ici à 2015, le nombre d'hectares cultivés en OGM continuera d'augmenter pour atteindre 200 millions dans au moins 40 pays.
(Les articles du «Washington File» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/)
Partagez
Donnez votre avis