A l'occasion de la Journée mondiale des sciences et de ses 350 ans, l'Académie des Sciences a réuni 150 académiciens de 57 pays.
Comment la science peut-elle répondre aux grands défis de demain ?
Quel avenir pour la recherche en France et dans le monde ?
Quelle place pour la science dans la société aujourd’hui ?
Autant de questions qui ont été abordées lors de cette journée exceptionnelle au musée du Louvre, avec plus de 150 académiciens – dont de nombreux présidents des Académies des sciences étrangères –, scientifiques et chercheurs venus du monde entier.
À cette occasion, ils ont lancé un manifeste commun sur les valeurs portées par la science et la recherche scientifique : l’universalisme, la tolérance, l'esprit critique, la soif de connaître et de comprendre.
Déclaration commune sur la science
Science et confiance
Connaître, savoir, comprendre ce qui nous entoure et ce que nous sommes est
l’un des moteurs de la vie humaine. Le savoir scientifique, construit au fil des
siècles, a toujours été une source indéniable de progrès. C’est un levier de
culture, de développement, de coopérations créatrices, dont les applications
sont parfois inattendues. La connaissance scientifique, son essor par la
recherche, et les technologies qui l’accompagnent, appartiennent au patrimoine
de l’humanité, qu’il est urgent de transmettre à tous afin de permettre à chacun
de se l’approprier.
Face aux enjeux majeurs de ce début du XXIe siècle - augmentation sans précédent
de la population mondiale, raréfaction des ressources naturelles, déséquilibre
des développements, changement des équilibres planétaires - il est
primordial que nos sociétés s’appuient sur la démarche raisonnée de la pensée
scientifique pour répondre de manière responsable aux questions d’aujourd’hui
et aborder demain avec sérénité.
La science, partagée d’une manière universelle, maîtrisée dans ses applications,
consolidée au profit des populations - et non à leur détriment - est à même de
répondre à bien des défis. L’erreur serait cependant de lui demander de répondre
à tout. Elle ne le peut. À l’inverse, chaque regain d’obscurantisme constitue
une régression majeure pour nos civilisations.
De tout temps, les grandes avancées humaines ont résulté de la multiplication
des échanges, depuis les grandes migrations de la préhistoire jusqu’à l’univers
des déplacements virtuels d’aujourd’hui. Grâce au numérique, le temps de la
communication s’est considérablement réduit. Ce nouveau moyen de transmission
crée parfois des raccourcis qui suscitent de la confusion et nous privent des
pauses nécessaires à la réflexion. Apprivoiser ce nouvel outil est alors essentiel
pour reprendre le temps de penser.
Les deux constructions humaines que sont la science et la société interagissent
entre elles. Elles ne doivent en aucun cas s’ignorer ou se combattre mais au
contraire évoluer en symbiose pour permettre à l’Homme d’avancer.
À l’écoute des doutes qui s’installent parfois dans nos sociétés quant à l’utilité
de la science, les Académies réunies à Paris ce 27 septembre 2016 souhaitent exprimer
leur détermination à travailler au sein de la société. Elles renouvellent
leur confiance dans l’éducation et dans la capacité de la recherche scientifique
à contribuer au progrès de l’humanité.