Et pourtant, en dépit d'une croissance démographique massive (la population du Moyen-Orient a augmenté de 61 pour cent
entre 1990 et 2010 pour atteindre 205 millions de personnes)*, les
prédictions concernant les pseudo " guerres de l'eau " ne se sont pas
encore matérialisées.
Comment une région qui, selon les spécialistes de l'eau, a cessé d'avoir
suffisamment d'eau pour répondre à ses besoins stratégiques en 1970
s'est-elle révélée si résiliente face à la rareté des ressources en eau ?
" Le commerce est le premier moyen de renforcer la résilience ; il
s'agit du processus qui permet à une économie d'être résiliente. La
capacité de faire du commerce efficacement dépend de la force et de la
diversité de l'économie ", a dit à IRIN Anthony Allan, professeur au
King's College de Londres et à l'École des études orientales et
africaines [de l'université de Londres].
Cela ne veut pas dire que les pays importent directement de l'eau ;
c'est plutôt qu'étant donné qu'une grande quantité d'eau est utilisée
pour l'agriculture (environ 90 pour cent), et non pas pour la
consommation, l'importation de denrées de base comme le blé permet en
fait d'importer ce que M. Allan appelle de " l'eau virtuelle ".
La population croissante de la région importe donc environ un tiers de
la nourriture qu'elle consomme, et cette proportion est beaucoup plus
élevée dans les États du Golfe, où il y a peu de terres arables.
Or, si une telle résilience peut " miraculeusement " résoudre le
problème de la rareté extrême de l'eau et rendre possible à plus long
terme la vie qui existe actuellement au Moyen-Orient, elle peut aussi,
dans le même temps, créer ses propres vulnérabilités. L'économie des
pays concernés doit en effet être capable de générer suffisamment de
devises étrangères pour payer pour les importations.
Si cela peut sembler aisé dans les pays producteurs de pétrole ayant des
populations limitées, comme les Émirats arabes unis (EAU) et le Qatar,
ce l'est beaucoup moins dans des pays comme l'Égypte, qui, dans un
contexte de déclin des exportations de brut et de baisse du tourisme, a
de la difficulté à trouver les réserves de change nécessaires pour payer
pour les importations de blé destinées à nourrir ses 84 millions de
citoyens.
Cette " résilience " fondée sur les échanges commerciaux est aussi
largement inabordable dans un pays comme le Yémen, le plus pauvre de la
région, dont la population %u2013 25 millions de personnes %u2013 vit dans un
environnement où les ressources en eau sont extrêmement limitées (et,
par conséquent, où la nourriture est rare).
Les Yéménites ont chacun accès à environ 140 mètres cubes d'eau par
année et on prévoit que la ville de Sanaa sera la première capitale au
monde à manquer d'eau...
Source : IRIN
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