Par Gaël Giraud, Chef économiste, AFD (Agence française de développement), Florent Mc Isaac, Économiste-modélisateur, AFD (Agence française de développement)
L’ambition de la communauté internationale de lutter contre le réchauffement climatique a un coût : entre 50 000 et 90 000 milliards de dollars sur les 15 prochaines années, selon les estimations de l’économiste Adair Turner pour la fourchette basse et les économistes de la Commission sur l’économie et le climat « New Climate Economy » pour la fourchette haute. En comparaison, le PIB annuel mondial s’élève à près de 80 000 milliards de dollars.
Le rapport de la « New Climate Economy » précise que 2 000 milliards de dollars au Nord et 4 000 milliards au Sud sont nécessaires chaque année pour financer les infrastructures vertes permettant d’approcher la neutralité carbone suffisamment tôt afin d’atteindre, d’ici la fin du siècle, l’objectif de limitation du réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Le secteur privé est-il en mesure de faire face à ces dépenses ?
Le bon rythme pour la transition énergétique
D’après la Banque mondiale, les dettes privées, hors institutions financières, culminent aujourd’hui à 110 000 milliards de dollars, soit 138 % du PIB mondial. Le total des dettes publiques, lui, avoisine 60 milliards de dollars, soit environ 75 % du PIB.
Or, comme le soulignait Marc Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, dans un discours de 2015 resté célèbre, une transition trop rapide vers une économie bas-carbone risque de mettre en péril la stabilité financière. Et un passage trop lent, au contraire, nous fait courir le risque de dépasser bientôt des seuils écologiques irréversibles (en particulier en matière d’érosion des sols).
À quelle vitesse le privé et le public doivent-ils dès lors avancer ?...
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