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Réfugiés de la conservation


Un des moyens de conserver la diversité biologique, auquel fait entre autres appel la Convention sur la diversité biologique, est la création de réserves, de parcs nationaux. À l'échelle planétaire, la surface de ces zones protégées a doublé depuis 1990.

L’envers de la médaille, c’est que des populations, certaines nomades et souvent parmi les plus pauvres de la planète, habitaient ces parcs nationaux. Ce sont ces gens qui ont été déplacés pour permettre la création de parcs nationaux qu’on dit « réfugiés de la conservation ». À ne pas confondre avec les réfugiés de l’environnement, des personnes forcées de migrer à cause de la chaleur, de la sécheresse, de la désertification, d’inondations ou d’autres problèmes environnementaux. Les estimés du nombre de ces réfugiés de la conservation varient de cinq millions à plusieurs dizaines de millions.

L’expulsion des populations des territoires destinés à la conservation, une pratique à laquelle sont associées parmi les plus grandes organisations internationales de protection de la nature, a des effets questionnables sur les conditions de vie des populations affectées. Elle décime des cultures humaines qui ont souvent coexisté pendant des siècles avec la biodiversité que les parcs doivent protéger. D’ailleurs, depuis la fin des années 1990, plusieurs de ces organisations internationales ont adopté des politiques reconnaissant les droits et le rôle de ces populations dans la préservation de la richesse biologique.

D’un point de vue stratégique, les tenants de la conservation réalisent aussi que protéger des espaces bordés par ces populations « ennemies » est difficile. Et puis expulser les populations apparaît assez futile, quand on sait que la majeure partie de la biodiversité (90% en Afrique) demeure à l’extérieur des limites des parcs de conservation.
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