Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, pour l'IEPF
Cette dépêche est à lire comme la suite de l'article publié sur Médiaterre intitulé " Vendredi 9 décembre 2011 - Et si Durban n'aboutissait pas ? De l'indignation à la tristesse "
Cette dépêche est inhabituellement longue. Pour autant, il m’est apparu important voire indispensable de témoigner des dernières heures de la Conférence des Parties (CdP17) à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques de Durban. Initialement censée prendre fin le 9 décembre 2011, la Conférence s’est finalement terminée le dimanche 11 décembre à 6 h 15 du matin. Ce texte apporte mon témoignage et mon vécu concernant cette période de prolongation. Il sera complété par un document d’analyse des principales décisions. Les différents documents relatifs à la participation d’ENERGIES 2050 à la CdP 17 mais aussi d’une manière plus générale ceux relatifs à la Conférence sont disponibles sur la page dédiée d’ENERGIES 2050 (accéder à la page). Cette page sera complétée régulièrement avec des documents d’analyse.
Nous sommes le samedi 10 décembre 2011 en début de matinée… La nuit a été très courte. J’ai quitté le Centre de Conférence vers 23 heures la veille, le vendredi 9. Certains amis d’autres ONG avaient décidé de rester sur place toute la nuit pour suivre au plus près les réunions formelles et informelles organisées. Je reçois quelques sms dans la nuit. Il règne au Centre de Conférence un certain désordre. Le G77 se serait réuni jusqu’à 4 heures du matin. Des délégués n’auraient pas pu participer à certaines réunions faute de place dans des salles trop petites… Certains membres d’ONG auraient été priés de quitter les lieux au milieu de la nuit…
La Conférence de Durban joue les prolongations. D’un point de vue formel la série de réunions plénières de clôture est loin d’être terminée. Il reste encore les plénières suivantes : COP (Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques - Conference of the Parties to the United Nations Framework Convention on Climate Change), CMP (Conférence des Parties agissant comme Réunion des Parties au Protocole de Kyoto - Conference of the Parties serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol), AWG-KP (Groupe de travail spécial sur les nouveaux engagements pour les Parties visées à l’Annexe I au titre du Protocole de Kyoto - Ad Hoc Working Group on Further Commitments for Annex I Parties Under the Kyoto Protocol) et AWG-LCA (Groupe de travail spécial de l’action concertée à long terme au titre de la Convention - Ad Hoc Working Group on Lon-Term Cooperative Action under the Convention).
Le texte de travail qui a été mis en ligne sur le site de la Convention est loin des objectifs attendus. L’ambition est minimale. Les phrases, à force d’être consensuelles, se vident de leur sens. L’ambition reste intacte et la compréhension de l’urgence semble partagée mais les décisions sont presque toutes reportées à 2012, voire à plus loin. L’imprécision domine. La question du financement est réaffirmée mais le texte ne contient presque rien sur les modalités de mise en œuvre et sur l’origine des fonds. Le statut de la suite du Protocole de Kyoto n’est pas explicitement abordé. Les divergences historiques sur la notion de « responsabilité partagée mais différenciée » sont omniprésentes. Chacun semble avoir campé sur ses positions et le désaccord persiste. De fait, la question de « l’équité » et celle de « la justice climatique » sont quasiment absentes.
A titre personnel, une telle divergence sur le fonds reste pour moi une réelle source d’interrogation… En effet, comment peut-on se sentir concerné par la réparation si l’on ne se sent pas responsable des causes ?
L’attente est un peu surréaliste… Peu d’informations filtrent… On ne sait presque rien de ce qui se passe. Les représentants des Parties que nous croisons ne sont pas toujours au courant. Plus personne n’ose se prononcer sur ce que nous pouvons attendre de Durban. Les discours oscillent entre espoir et fatalité et, de temps en temps, colère. Il fait beau. Les gens attendent.
Les couloirs se sont vidés. Ceux qui le pouvaient ont décalé leur retour. Les vols sont pleins jusqu’au mercredi 14. Pour bénéficier d’un prix raisonnable, mon vol de retour était prévu pour le lundi 12 et je peux donc participer aux prolongations.
Une partie des équipes officielles est déjà partie ainsi que de très nombreux représentants de la société civile (ceux qui n’ont pas eu les moyens de modifier leur billet de retour). Certaines délégations ne sont plus représentées au bon niveau. Des ministres ont du partir. Certaines délégations n’ont pas pu modifier leurs billets car cela aurait coûté trop cher. Le Ministre de l’Environnement allemand est préoccupé par cette situation « il reste très peu de temps, certaines délégations doivent partir ». La Ministre française de l’écologie déclarera dans la nuit de vendredi à samedi « on commence à s’approcher d’un équilibre et ce serait vraiment dommage que, pour des raisons d’organisation on ne réussisse pas à aller au bout ». L’écart Nord-Sud là aussi se fait sentir.
Au-delà du mandat officiel qui est donné de fait aux équipes présentes et qui donne une légitimité explicite au Chef de chaque délégation pour représenter son pays dans le cadre de la CCNUCC, il n’en demeure pas moins que le contenu et la possible ambition de certains documents risquent de poser problème. Chacun pourrait être incité à camper sur ses positions pour éviter toute complication nationale.
Je croise un collègue de la délégation d’un pays appartenant au « Groupe des pays les moins avancés ». Au-delà de sa fatigue, il est très irrité de cette situation. Il se lâche un peu et me dit qu’il en a marre et que la situation est vraiment vexante pour eux : « les diplomates du Nord auraient-ils oublié que dans une négociation chacun doit être traité avec un respect réciproque et combien cela peut être gênant pour un négociateur de devoir partir alors même que rien n’est finalisé juste pour des questions de prix de billet d’avion ? »
Malgré la fatigue et l’impatience, chacun est visiblement conscient que nous sommes en train de vivre un instant historique dans tous les sens du terme. Quoiqu’il puisse se passer, il y aura un « avant » et un « après » Durban.
Le Centre d’exposition à côté du Centre de conférences est en train d’être démonté. Le hangar voisin est déjà presque vide, les stands ont été démontés dans la soirée du vendredi et les ouvriers s’activent. Les traces physiques de la COP sont en train de disparaître. Tout se passe désormais dans le Centre de conférences.
L’après-midi est semblable à la matinée. La Plénière est annoncée plusieurs fois. Finalement rien n’est confirmé. On parle de 19 heures.
Plusieurs délégués nous parlent d’un possible sommet dédié en marge de la Conférence Rio+20 en juin 2012. D’autres nous parlent du rôle possible du G20 pour continuer les travaux qui n’auraient pas aboutis à Durban (suite du Protocole de Kyoto -PK- et question du Fonds Vert). Dans les deux cas ces propositions seraient un drame pour les pays en développement et pour le processus onusien dans lequel s’inscrivent les négociations climat. Dans le premier cas, cela jetterait de la confusion sur la prochaine Conférence des Nations unies sur le développement durable (CNUDD) qui se déroulera à Rio de Janeiro, au Brésil, en juin 2012 (encore appelée Rio+20 en référence aux 20 ans du Sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992). Dans le deuxième cas, cela jetterait un discrédit brutal sur la Gouvernance internationale et remettrait en question la légitimité des Conventions et instances de négociations mises en place dans le cadre des Nations-Unies.
Heureusement les événements de la soirée démentiront ces rumeurs.
Vers 19 heures, les Parties se réunissent en plénière pour un bref moment.
Madame Maite Nkoana-Mashabane, Ministre sud-africaine des affaires étrangères et Présidente de la conférence du Durban, invite les Parties à accepter le « Paquet de Durban » en l’état. L’intervention est plus que surprenante alors même que chacun d’entre nous sais qu’aucun accord n’est véritablement prêt à être accepté. Intervention fragile, comme un « il faut que cette conférence ne soit pas un échec, alors aidez-moi à sortir la tête haute de ces 15 jours d’intense négociation ».
La Présidente reconnaîtra que certains vont immanquablement trouver les documents mis sur la table insuffisants et que d’autres les trouveront déjà beaucoup trop ambitieux. Pour autant, elle a souligné la bonne volonté générale de l’ensemble des Parties et a rappelé le caractère exceptionnel et emblématique de la Conférence de Durban en Terre d’Afrique. C’est pourquoi elle a plaidé pour un accord ouvrant la porte à des travaux additionnels, sachant que 2012 devrait permettre d’aller plus en avant et que les textes définitifs seraient présentés à la COP 18 au Qatar en décembre 2012.
La position européenne est centrale dans les débats. En substance, il s’agit de trouver un accord sur une feuille de route conduisant à un traité contraignant impliquant tous les pays émetteurs à l’horizon 2020. Il s’agit également du niveau des engagements à prendre pour limiter le réchauffement global à 2°C comme recommandé par le GIEC et de définir la forme juridique de l’accord à mettre en place. Pour finir, il s’agit de décider de la forme et de l’origine des fonds climats et particulièrement celui du Fonds Vert décidé à Cancun en 2010.
Pour mémoire, les promesses faites à la Conférence de Copenhague en 2009 ne représentent qu’environ 60 % des efforts à faire en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre -GES- et les trajectoires actuelles nous conduiraient vers un réchauffement compris entre 2,5 et 5 voir 6°C. Ce constat est connu de tous mais les positions de principe sont radicalement différentes et, à ce jour, plusieurs pays, les Etats-Unis en tête, s’opposent à une deuxième période du Protocole de Kyoto. Les grands pays émergents, jusqu’alors pas concernés, affichent des positions divergentes. L’Inde, le Brésil et la Chine se retrouvent au cœur de la future feuille de route et globalement il s’agit bien d’un échiquier à trois EU - USA - BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Les pays les moins avancés (Afrique et petits Etats insulaires notamment) se trouvent ballottés entre des stratégies d’engagement sur des feuilles de route qui ne les concernent pas, et de véritables urgences dans la mise en œuvre de mesures d’adaptation qui les concernent directement.
Un peu avant 20 heures, le AWG-KP s’est réunit en plénière (Groupe de travail spécial sur les nouveaux engagements pour les Parties visées à l’Annexe I au titre du Protocole de Kyoto - Ad Hoc Working Group on Further Commitments for Annex I Parties Under the Kyoto Protocol).
L’Union européenne -UE- a rappelé que pour être en phase avec les résultats de l’autre groupe de travail (AWG-LCA), la seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto devait être de 2013-2020 et non pas 2013-2017 comme actuellement indiqué dans le texte. Le Brésil a soutenu cette approche alors que les Grenades, la Colombie et la Gambie ont indiqué qu’il fallait mieux se limiter à une période d’engagement de 5 ans compte tenu du très faible niveau d’ambition dans les objectifs affichés. La Russie, l’UE et la Nouvelle-Zélande ont également demandé des amendements techniques sur la question de l’Utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie (LULUCF). La Bolivie a souligné que l’amplitude de la fourchette des objectifs affichés (25 à 40 %) de réduction à l’horizon 2020 pour les pays Annexes I était trop « large » et qu’il fallait plutôt afficher un pourcentage unique. Il a ajouté qu’il fallait faire référence à des objectifs chiffrés de limitation et de réduction des émissions et qu’ils devaient être obligatoires plutôt que simplement volontaires. Le Japon est intervenu pour demander à ce que les pays qui ne désiraient pas prendre part à une deuxième période d’engagement soient explicitement mentionnés dans une note de bas de page.
Plusieurs délégués se plaignent de travailler sur un texte qu’ils découvrent et qu’ils n’ont pas eu le temps de lire au complet tout en soulignant qu’ils n’ont pas reçu de version imprimée ce qui ne facilite pas la lecture du texte. L’ambiance est assez électrique malgré des échanges polis « diplomatiques ». La salle applaudit lorsque les propositions sont ambitieuses. A l’inverse le silence est lourd dès lors que les propositions sont minimalistes.
La session, après cette première série d’échanges, sera suspendue pour permettre d’ultimes ajustements entre les Parties. Chacun appréciera l’amplitude des divergences et la quasi impossibilité d’un accord sur un texte consensuel. Pour mémoire, l’AWG-KP se réunit régulièrement et la Conférence de Durban aurait du être un simple moment d’ajustement pour une présentation formelle et consensuelle en plénière afin d’obtenir l’approbation de l’ensemble des Parties. Les désaccords qui ont été exprimés ici sont connus depuis longtemps et ce Groupe de travail n’aura pas permis d’avancer réellement sur les questions en suspens et les dispositions livrées n’en sont que d’autant plus décevantes.
A la reprise de la session plénière, le Président de l’AWG-KP a rappelé qu’il n’était pas possible de continuer à discuter car la COP de Durban était déjà dans une phase de prolongation. Il a proposé de mettre « entre crochets » la durée de la deuxième période d’engagements et de transmettre sous sa propre responsabilité le texte pour une présentation aux Parties en plénière CMP (Conférence des Parties agissant comme Réunion des Parties au Protocole de Kyoto - Conference of the Parties serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol).
Le terme « crochetés » (brackets) signifie que cette partie du texte n’est pas approuvée. La proposition de soumettre le texte sous la propre initiative du Président du Groupe témoigne de l’impossibilité d’obtenir un texte consensuel (même à minima), ce qui laisse peu d’incertitude sur le désaccord final de la CMP. Certains pays ont soutenu la proposition du Président du Groupe (Papouasie Nouvelle Guinée, Gambie, Colombie et Brésil). D’autres parties ont demandé à mettre également « entre crochets » plusieurs points et ont proposé des amendements. Le Kenya et le Nicaragua ont demandé de renforcer certains paragraphes, alors que le Venezuela a demandé avec force à ce que le texte préserve le Protocole de Kyoto dans l’esprit et dans la forme et que le document était insatisfaisant. La représentante a ajouté avec force que le document était « une véritable honte » et qu’il fallait utiliser un langage clair pour éviter toute interprétation possible ensuite. L’Egypte a souligné que le document était minimaliste et qu’il ne renforçait pas le seul outil légal contraignant existant à ce jour. Le Nicaragua a complété en précisant que même le principe de responsabilité partagée mais différenciée était dilué dans la nouvelle formulation et que cette dernière faisait simplement état de la nécessité d’apporter une réponse globale sans prendre en compte les responsabilités historiques. Fort de ses divergences, le Président du Groupe a pris sur lui d’officiellement clore les débats et de présenter le texte en l’état sous sa propre responsabilité à la CMP. Humour inapproprié ou évidence du constat d’échec, il a conclut : « il s’agit de la première chose sur laquelle nous soyons parvenu à un accord ». Chacun appréciera.
21 h 40, c’est au tour de la plénière AWG-LCA de commencer (Groupe de travail spécial de l’action concertée à long terme au titre de la Convention - Ad Hoc Working Group on Lon-Term Cooperative Action under the Convention). Le Président a souligné l’importance de la session et a espéré que l’AWG-LCA arriverait à valider un document commun.
L’Arabie Saoudite, a manifesté des réserves sur le niveau d’ambition des réductions de GES ainsi que sur les nombreuses imprécisions de langage dans les mesures de réponses. L’Indonésie a exprimé des réserves sur les formulations ainsi que sur la mise en œuvre des NAMA (Actions d’atténuation appropriées au niveau national - Nationally Appropriate Mitigation Actions). La République Démocratique du Congo a regretté le manque de clarté sur les financements promis et sur l’absence explicite de référence au principe de responsabilité partagée mais dissociée. L’Inde a exprimé sa préoccupation de voire l’agriculture mentionnée dans les mesures associées à la réduction des GES ainsi que l’absence de prise en compte des conséquences économiques des mesures de réponses. Le Pakistan a regretté la faiblesse de la part faite aux mesures d’adaptation et l’Egypte, la faiblesse du texte au regard des engagements sur le long terme des financements-climat. La Gambie a précisé qu’elle ne retrouvait pas ses préoccupations sur le financement dans le texte.
Le Venezuela a signalé qu’il n’accepterait jamais un tel texte faisant la part belle aux mécanismes de marché s’il n’était pas mis en place une deuxième période d’engagements dans le cadre du Protocole de Kyoto.
La Bangladesh, les Philippines, la Tanzanie et la Suisse ont exprimé leur soutien au texte en l’état afin «d’obtenir un accord ici à Durban ».
La Chine a souligné que le texte ne précisait pas comment les engagements financiers pris par les pays industrialisés à Cancun allaient être tenus (pour mémoire, il s’agit des 100 milliards de dollars annuels promis d’ici à 2020).
La Bolivie, la république Démocratique du Congo et l’Equateur ont souligné que le texte ne faisait plus état du principe de responsabilité partagée mais différenciée, qu’il faisait la part belle aux mécanismes de marché, qu’il n’était pas équilibré au regard des efforts demandés aux pays industrialisés et aux autres en terme de réduction de leur émissions de GES. Enfin la Bolivie a précisé que pour les pays qui ne désiraient pas s’engager dans une deuxième période dans le cadre du Protocole de Kyoto rien n’était vraiment mis en place pour s’assurer de la réalité de leurs actions de réduction. Elle a conclut que le texte en l’état ne devrait pas être adopté.
Le Nicaragua a rappelé l’urgence du démarrage du Fonds Vert tout en soulignant l’absence de transparence dans la mise en place des financements précoces. Il a rappelé que s’engager sans prendre le soin de préciser d’où viendraient les fonds promis n’avait pas de sens.
L’UE a soutenu le texte tout en soulignant ses faiblesses sur les modalités de mise en œuvre des financements promis et sur les modalités de vérification des engagements pris. L’UE a souligné qu’il s’agissait ici d’envoyer un message fort à l’humanité pour mettre en œuvre des mesures ambitieuses et concrètes à la hauteur des enjeux. L’UE a confirmé sont engagement pour la mise en place de financements sur le long terme notamment sur les questions d’adaptation.
La Papouaise Nouvelle Guinée a proposé que le texte soit transmis dans le cadre d’un « paquet équilibré ». La Malaisie a relevé la faiblesse des objectifs de réduction pour les pays industrialisés tout en soulignant que tous les points importants étaient renvoyés à des réunions futures. Il a cité notamment les questions de justice, de propriété intellectuelle et a suggéré que le texte ne soit pas adopté ici et soit simplement remis sur la table de travail l’année prochaine. La Thaïlande et le Malawi ont pris la parole dans l’esprit des précédents échanges.
Le représentant américain a souligné le travail réalisé sur des questions cruciales telles que l’adaptation, le financement, les mécanismes de marchés. Il a déclaré qu’il y avait un risque à accepter les décisions sans prendre le soin de s’accorder en préalable sur l’ensemble des autres points de divergences (statut d’une possible deuxième période d’engagement ou bases juridiques et modalités de mise en œuvre du Fonds Vert).
Le Paraguay a plaidé sans condition pour une deuxième période d’engagement et a rappelé qu’il fallait retrouver l’esprit de la feuille de route de Bali et ne pas supprimer les questions de responsabilités partagées mais différenciées en tant que base de la réponse à apporter par la communauté internationale. Le Kenya a pris la parole pour demander une amélioration sur le fonds et sur la forme du document. Le Japon tout en soulignant que le document était imparfait et manquait d’ambition a plaidé pour son adoption en l’état.
Le Président de l’AWG-LCA a constaté les vues divergentes et l’impossibilité d’obtenir un accord. Il a conclut la séance en annonçant qu’il allait transmettre le texte à la COP sous sa propre responsabilité.
A ce moment, un évènement d’une forte intensité s’est produit. La représentante du Venezuela a tambouriné sur sa table et a littéralement arraché la parole au Président de la session. Ce dernier lui a répété plusieurs fois que la session était close et la représentante a du élever le ton en lui disant qu’elle avait essayé depuis un moment d’intervenir mais que la parole lui avait été délibérément refusée. Elle lui a dit que son pays était en total désaccord avec le texte. Elle a rapporté des menaces qu’elle avait reçues. Il lui avait été dit que si son pays ne soutenait pas l’AWG-LCA, il n’y aurait pas d’accord sur une deuxième période d’engagements et pire, il n’y aurait pas de Fonds Vert Climat. Pour elle, le texte actuel prône exclusivement une approche marchande alors que nous devrions nous préoccuper du sort de l’humanité. Solennellement et avec une grande fermeté, elle a rappelé le temps perdu en négociation pour aboutir à un texte vide de contenu et fait uniquement de promesses. « Un Fonds vert fait de promesse, de 100 milliards de promesses mais vide !! ».
Une salve d’applaudissement a soutenu cette intervention inhabituelle dans une telle enceinte. Une certaine confusion a suivi. Pour autant, le Président de la session a clôturé en l’état les débats sans répondre au Venezuela.
A titre, personnel, j’ai été très impressionné par cette scène. Témoin d’une diplomatie incapable de répondre aux enjeux d’une négociation enlisée dans des compromis, l’intervention du Venezuela a rappelée à ceux qui auraient pu l’oublier que l’objet des débats était bien l’avenir de l’humanité et pas simplement un accord commercial entre pays industrialisés et pays en développement.
Dimanche matin… l’attente a repris… il y a encore des personnes qui partent, les couloirs sont vides. Des gens dorment sur les fauteuils à l’extérieur de la salle Baobab (la salle où se déroulent les plénières). Quelques personnes ferment les yeux sur leurs chaises au fonds de la salle Baobab. On ne sait pas s’ils dorment ou s’ils réfléchissent. Tout le monde est épuisé mais visiblement ceux qui n’ont pas de contraintes d’avion veulent rester jusqu’au bout. Il y a de la tension dans l’air que la fatigue rend encore plus perceptible. Je sors prendre l’air… j’entends une mélodie jouée au piano. Je me dirige vers le piano qui se trouve à un angle du bâtiment, au rez-de-chaussée, juste à côté de l’escalier qui descend vers le sous-sol et qui donne accès aux pavillons de plusieurs délégations (Secrétariat de la Convention, Salle de presse, Pavillon européen,…). La scène est un peu irréelle. Quelques personnes entourent le pianiste amateur, les notes sont douces. La lumière ambiante, l’heure tardive, le lieu… et si tout cela n’était qu’un cauchemar et que finalement tout puisse se régler avec quelques notes de musiques… je me prends à rêver.
Nous sommes le dimanche 11 décembre, il est presque 3 heures du matin, la Ministre sud-africaine des affaires étrangères, Présidente de la conférence de Durban ouvre une plénière « COP et CMP » informelle. La Présidente rappelle que nous sommes dans la ville où Gandhi a vécu et dans le pays où Mandela a réussit à faire des choses que tout le monde pensait impossibles. En le citant, elle espère qu’il inspirera les décisions qui seront prises ce soir : « Cela a toujours l’air impossible, jusqu’à ce que ce soit fait ».
Elle rappelle le paquet de décisions soumis à l’approbation des Parties (notamment une seconde période d’engagements dans le cadre du protocole de Kyoto et la mise en œuvre opérationnelle du Fonds Vert). Elle précise également que ce soir, au-delà de Durban, il s’agit de maintenir intacte la gouvernance multilatérale ; qu’il s’agit de redonner confiance dans le processus onusien pour la mise en œuvre de la Convention cadre sur les changements climatiques.
Je me souviens de la fatigue visible et de l’effort non moins visible pour garder un discours à même de fédérer l’adhésion. Pour autant, j’ai ressenti ces propos comme une demande presque « personnelle » de la Présidente. Demande ferme mais fragile et parfois même suppliante pour que Durban n’entre pas dans l’histoire comme un échec du multilatéralisme international.
La représentante de l’Union Européenne a rappelé la mobilisation sans faille de l’UE en faveur d’une deuxième période d’engagements d’au moins 5 ans tout en soulignant l’importance qu’à terme cet engagement devienne un instrument juridiquement contraignant. Laisser planer un doute sur cette issue ou repousser à 2020 la perspective d’un accord juridique (« legal outcomes ») reviendrait à dénaturer tout possible accord à venir. L’UE sera ovationnée et plusieurs interventions feront ensuite un réel et appuyé hommage à la constance et à l’ambition de l’UE au regard de la question climatique.
La Colombie tout en exprimant son soutien à la vision européenne a expliqué qu’en l’état elle ne pouvait soutenir le « paquet » de Durban tout simplement parce qu’il n’apportait aucune garantie sur les engagements futurs, qu’il était inéquitable et qu’il transférait une partie du partage du « fardeau » sur les pays en développement.
L’Inde a souligné avec force qu’elle avait fait preuve de beaucoup de flexibilité mais que le langage devait être clair et sans appel et que les principes d’équité et de responsabilité partagée mais dissociée devaient être explicitement rappelés. La ministre indienne a répété plusieurs fois que les décisions devaient refléter l’équité et que l’Inde ne se laisserait jamais intimider par qui que ce soit. La ministre indienne a été très fortement applaudie. Le ton ferme et sans appel, rappelant celui de la représentante du Venezuela pendant la précédente session, était à la fois porteur d’espoir au regard de la volonté de trouver une issue positive à Durban tout en résonnant comme une demande sans appel à revisiter les textes pour y incorporer de manière plus explicite la notion d’équité.
Le représentant de la Grenade a demandé à ce que nous augmentions le niveau d’ambition du Protocole. Il a rappelé que pour les Etats insulaires le changement climatique était une réalité et que le monde dans lequel il vivait ne pouvait pas être transporté ailleurs (cf. la notion de réfugié climatique). Il a précisé que le paquet de Durban n’était pas concret et que la Grenade ne pouvait donner son accord. Il a plaidé pour la mise en place d’un protocole ou d’un cadre légal qui rende responsable de manière juridique les pays de la mise en œuvre de leurs engagements. «Sinon, que vais-je dire en rentrant chez moi ? » a-t-il conclut.
Le Bangladesh a expliqué que nous étions en train de vivre un bien triste matin, ici à Durban. Que nous étions loin de l’esprit de la CCNUCC de 1992. Il a rappelé que nous étions ici dans la ville de Gandhi et de Mandela et que tout ce dont nous étions en train de discuter devait servir la démocratie et les peuples qui devaient prendre leur indépendance aujourd’hui. Il a plaidé sans concession pour une deuxième période d’engagement et pour la mise en place d’un cadre juridiquement contraignant malgré la faiblesse des textes.
La Chine a rappelé que les instruments actuels étaient déjà contraignants ; que les pays ne respectaient pas leurs engagements alors que pendant ce temps, la Chine et d’autres pays en développement mettaient en œuvre des mesures concrètes. « De quel droit vous permettez-vous de nous critiquer alors que vous ne respectez pas vos propres engagements » a-t-il déclaré avec force. Le représentant chinois a conclut en rappelant que l’accord devait s’inscrire dans le cadre du principe de responsabilité partagée mais différenciée.
La Présidence sud-africaine, visiblement dépassée par le nombre de demandes d’intervention, a rappelé qu’il ne s’agissait ici que d’une plénière informelle et que la plénière officielle allait se dérouler juste après cette session. « Aidez-moi à vous aider » a-t-elle demandé.
La Bolivie a rappelé que chacun devait respecter ses engagements. Elle a repris à son compte l’intervention de la Ministre indienne en rappelant que la question des émissions de GES était intimement liée à celle du développement. Le futur régime doit refléter la responsabilité partagée mais différenciée, il doit être scrupuleux et juste. La Bolivie a rappelé qu’il y avait dans la salle un pays qui a émis plus de 40 % des émissions mondiales à ce jour et qui ne participe pas au Protocole de Kyoto. Ce pays, comme d’autres pays industrialisés, a jouis d’une impunité grâce à l’énergie dont il a eu accès. C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, son pays ne pouvait accepter que ces mêmes pays puissent exiger des engagements juridiques de la part des autres sans qu’ils y participent eux-mêmes. De plus, au-delà de la réduction des émissions de GES, le changement climatique se devait aussi d’adresser la question du « droit au développement » et de celle de la pauvreté.
Le représentant des Philippines a plaidé sans équivoque pour un régime juridiquement contraignant reprenant les acquis du Protocole de Kyoto. Il a déploré qu’après 5 ans de négociations, les progrès étaient quasiment inexistants et que rien n’avait vraiment changé. Pendant les deux semaines de Durban, il a témoigné des représentants de la société civile arborant des tee-shirts « I love PK » (« J’aime le Protocole de Kyoto »). Il s’est demandé si ces tee-shirts n’allaient pas devenir des reliques d’un temps révolu. Il a rappelé que personne en tête à tête ne remettait en cause l’intérêt du PK et pas seulement pour protéger le multilatéralisme mais tout simplement parce qu’il n’y avait pas d’autre option. Il a déclaré qu’il ne fallait pas s’affronter entre pays car le vrai ennemi commun était le changement climatique et que l’équité dans la réponse à apporter restait la seule garante de la justice de nos décisions. « A partir de quand le présent devient jamais ? » a-t-il rappelé citant Martin Luther King.
Le Pakistan a rappelé que bien que le monde ait changé, les principes d’équité et de responsabilité partagée mais différenciée devaient rester d’actualité. Pour autant, pour respecter le multilatéralisme, il a demandé à ce que le texte en l’état soit accepté pour aller de l’avant.
Le Guatemala et le Salvador ont plaidés pour un compromis ambitieux.
Le Brésil a rappelé les efforts faits par son pays et a invité les autres pays à faire de même. Tout en s’inscrivant dans la proposition de l’UE, le Brésil a plaidé pour un accord ici à Durban et pour la mise en place d’un cadre légal contraignant. Même si les documents sur la table sont imparfaits, ils offrent la possibilité d’une suite et, à ce titre, le Brésil a demandé qu’ils soient acceptés.
L’Egypte, tout en soulignant qu’elle ne voyait pas « d’émotion » dans les documents sur la table et que nous étions loin de l’esprit de la CCNUCC, a plaidé pour l’adoption des documents car ils offraient une certaine souplesse pour la mise en place d’un cadre contraignant dans le futur. L’Egypte a soutenu la position européenne.
Le Chili et le Panama, tout en reprenant à leur compte les propositions européennes, ont souligné que les engagements actuels ne nous permettraient pas de rester sous la barre des 2°C. La Gambie a complété en demandant la mise en place d’un accord juridiquement contraignant conformément à la Feuille de route de Bali.
La Norvège a repris à son compte les propositions de l’UE tout en soulignant l’importance de l’intervention de l’Inde en faveur du renforcement de la prise en compte de l’équité dans les textes sur la table.
Les Etats-Unis ont demandé l’adoption des textes en l’état en soulignant qu’il s’agissait d’une opportunité historique.
Le Sénégal a remercié le Groupe Afrique. Durban resterait la COP de l’Afrique, celle où l’Afrique avait parlé d’une seule voix. Le représentant a remercié l’action de l’UE : « si tout le monde avait fait comme eux, nous n’en serions pas là aujourd’hui ». Il a posé la question sur la pertinence d’accepter dans l’urgence un paquet de décisions si peu précis et qui inévitablement allait poser des problèmes dans sa mise en œuvre.
La République démocratique du Congo a plaidé pour le maintien du multilatéralisme, la prolongation du Protocole, une action renforcée pour l’adaptation et la mise en œuvre des financements promis.
« La COP de Durban a hérité de questions politiques complexes et nous ne pourrons pas y répondre en une seule nuit ». Le représentant a plaidé pour une adoption en l’état tout en espérant que l’année prochaine nous permette d’augmenter notre ambition.
Une conclusion aussi inhabituelle qu’inattendue …
A ce moment, la ministre sud-africaine, Présidente de la Conférence, a proposé aux Parties de se réunir (to form a huddle) pour échanger sur les derniers points de divergence. La scène a été suffisamment inhabituelle pour mériter une description précise.
Nous sommes dans la salle plénière Baobab, la Présidente et le secrétariat descendent de l’estrade et se retrouvent au mieux de la salle. Un petit groupe de délégués se forme autours de la Présidente et tout le monde parle vivement. Autour s’ensuit une agitation certaine. Des délégués sont trop éloignés et ne peuvent intervenir. Tout le monde se précipite pour prendre des photos ou pour essayer d’entendre ce qui est dit. Le reste de la salle attend. Tout cela dure moins de 5 minutes.
Les officiels reprennent leur place à la tribune et la session reprend.
La Présidente annonce que les Parties se sont entendues pour remplacer la phrase « legal outcomes » par la phrase « agreed outcome with legal force ». En clair, les Parties semblent s’être entendues sur une feuille de route pour négocier d’ici à 2015 un accord global qui entrerait en vigueur en 2020. Cet accord concernerait l’ensemble des pays pollueurs et aurait une « force légale ». Chacun appréciera la subtilité de la formulation et son manque de clarté sur la réalité du futur régime qui sera mis en place.
Pour autant, la Présidente fait circuler la parole et contre toute attente, la nouvelle formulation est acceptée en l’état. L’Inde déclarera faire preuve de flexibilité et donnera son accord. L’UE ajoutera qu’elle peut supporter la nouvelle formulation.
Il est presque 4 heures du matin. Ainsi se termine la plénière informelle. Une certaine confusion règne. Les gens ne sont pas rassurés par cette formulation et beaucoup se demandent exactement ce que veut dire d’un point de vue juridique « accord ayant force légale ».
Presque immédiatement après, les dernières plénières recommencent.
Il est environ 4 heures du matin, la Conférence plénière de clôture de la CMP reprend (Conférence des Parties agissant comme Réunion des Parties au Protocole de Kyoto).
Le Président de l’AWG-KP explique aux délégués qu’aucun accord n’a été obtenu et que le document est soumis à leur approbation sous sa propre responsabilité. Il présente les deux options pour la durée de la prochaine période d’engagements (5 ou 8 ans pour mémoire). La Bolivie, la Papouaise Nouvelle Guinée et le Nicaragua soulignent que le texte ne reflète toujours pas leurs remarques et demandes. L’UE manifeste sa surprise pour ce nouvel échange car elle pensait que les résultats des travaux de l’AWG-KP faisaient partie du Paquet de Durban et qu’à ce titre ils avaient été acceptés.
Le document est acté en l’état sans que les points de désaccords soient pris en compte. La Bolivie demandera à ce que son désaccord figure dans le compte rendu final.
A titre personnel, je reste surpris par cet accord à la va-vite. De fait, le document ne prend pas en compte l’intégralité des objections et réserves formulées par les Parties (voir le déroulé de la précédente réunion plus tôt dans la soirée). Imaginer qu’un tel document puisse ouvrir de franches et claires discussions pour l’année prochaine est faire preuve d’un certain optimisme peut-être un peu excessif.
Immédiatement après, la Conférence plénière de clôture de la COP commence (Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques). Le Président de l’AWG-LCA rapporte le soutien d’une partie des pays membres du groupe de travail tout en soulignant l’opposition des autres qui reprochent au texte d’être déséquilibré.
La Présidence sud-africaine de la COP introduit le projet de décision pour la mise en place d’un nouveau groupe de travail dédié qui s’appellera « Groupe de travail Ad Hoc sur la plateforme de Durban » (Ad Hoc Working Group on the Durban Platform for Enhanced Action). Ce Groupe sera chargé de travailler en 2012 et d’ici à 2015 à l’architecture du nouvel accord climatique mondial : « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ».
La Russie soulignera sa désapprobation sur le processus de consultation et particulièrement sur la concertation informelle inhabituelle qui s’est déroulée juste avant en pleine plénière (« unconventional huddle »).
Le paquet de décisions de Durban est formellement approuvé. Il est environ 6 heures 15 du matin, le dimanche 11 décembre. La Présidence sud-africaine est vivement remerciée pour ses efforts.
Le prochain rendez-vous sera le Qatar fin 2012. La liste des décisions en suspends est longue et l’année s’annonce chargée. Au-delà des « congratulations officielles », l’ambiance n’est pas à la fête. Durban a joué les prolongations mais les avancées sont plus que modestes. A ce stade, nous sommes tous d’accord pour dire que le multilatéralisme a été sauvé mais que rien n’a vraiment été décidé. Chacun rentre chez soi pour se reposer.
Chemin faisant vers ma chambre d’hôte, je remarque que certains panneaux annonçant la COP ont déjà été remplacés. On y vante désormais la douceur hivernale de Durban en tant que destination touristique. La COP est bel et bien terminée. Durban et le monde peuvent passer à autre chose… je n’ai pas le cœur à la fête… je me sens plutôt triste… rien n’a été vraiment acté ici. Et si finalement Durban avait manqué son rendez-vous avec l’histoire ? Je me sens triste mais résolument combatif…
Quelques heures plus tard je prendrai connaissance du tweet de Christiana Figueres, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), publié à la fin de la Conférence : En l'honneur de Mandela : cela a toujours l'air impossible, jusqu'à ce que ce soit fait. Et c'est fait! (In honor of Mandela: It always seems impossible until it is done. And it is done!)
La COP est bel et bien terminée.
Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, pour l’IEPF
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