Lors de la première phase du programme, conduite entre décembre 2011 et juin 2012, les chercheurs de l'IRD ont effectué une synthèse bibliographique sur la biologie et l'écologie des requins tigres et bouledogues, à partir de 250 articles publiés depuis 1970. Ils ont également étudié les données historiques d'attaques survenues à La Réunion depuis 1980. Ainsi, 36 attaques de requins ont été répertoriées tout autour de l'île de La Réunion entre 1980 et 2011, avec des pics en 1992 (4 attaques), en 1997 (3), en 2006 (3) et en 2011 (7). Si le nombre d'attaques par décennie a augmenté entre 1980 et 1992, il est resté stable entre 1992 et 2011 et le nombre de cas mortels a diminué . Par ailleurs, les données n'ont pas révélé de lien entre les attaques et les anomalies de température à l'échelle de l'Océan Indien, les phases lunaires, les marées, avec les distances moyennes aux cages aquacoles, aux dispositifs de concentration de poissons (DCP) ou à la réserve marine, ni avec les tonnages de pêche .
L'augmentation du nombre d'attaques de surfers (impliqués dans plus d'un évènement sur deux par an en moyenne) semble refléter l'augmentation démographique, du nombre de pratiquants, en particulier en zone urbaine. Par contre, d'autres facteurs semblent jouer un rôle dans les attaques, comme par exemple la turbidité (baisse de la transparence de l'eau résultant de l'apport massif de matières transportées depuis les bassins versants, de la mise en suspension de cette matière et des matériaux déjà présents transportés par la houle), la qualité des eaux et l'apport en matière organique qui enrichit globalement le milieu . La deuxième phase du programme sera l'occasion de poursuivre l'étude de ces facteurs, avec notamment l'observation de la turbidité par satellite et l'identification des variables environnementales susceptibles de favoriser les occurrences d'attaques.