Par Éloise Savoie
Il y a trois ans à peine, le genre était très peu abordé dans les conférences internationales sur le climat. Encore aujourd'hui, le sujet surprend et rend sceptique. On l'associe immédiatement au féminisme, alors que l'approche associée au genre est plus générale. Le genre en changement climatique met l'accent sur les impacts touchant les femmes ainsi que le rôle de celles-ci dans l'élaboration de solutions.
Pourquoi intégrer le genre aux changements climatiques? Parce que les hommes et les femmes ne contribuent pas de la même façon aux causes des changements climatiques, en sont affectés différemment et réagissent également aux impacts de manière différente.
Les changements climatiques et l'environnement de manière générale demeurent des domaines essentiellement masculins. Comme l'a indiqué la ministre du Climat et de l'Energie du Danemark, Lykke Friis, lors de la Conférence des Parties sur le climat à Cancun : " nous faisons face à un problème global donc, nous avons besoin des hommes ET des femmes ".
Une représentation plus équilibrée
La faible proportion de femmes dans plusieurs secteurs (énergie, transport, aménagement urbain) pose problème dans le choix des solutions proposées pour atténuer notre impact sur l'environnement. Peu de femmes influencent les orientations du transport public, alors qu'elles sont les principales utilisatrices du transport en commun. Lors de l'aménagement d'un nouveau système de transport, les aspects importants seront-ils tous couverts? Qui utilisera ce système? Jusqu'à quelle heure? Devons-nous éclairer davantage telle partie de la ville ? Les femmes sont également sous-représentées dans le domaine de l'énergie. Et pourtant, elles ont une empreinte écologique plus faible que celle des hommes.
Dans les pays en développement, l'implication des femmes en environnement est tout aussi essentielle. Les femmes sont les piliers des familles et de par leur rôle traditionnel dans la société, elles sont directement en contact avec les ressources naturelles (pour aller chercher l'eau, le bois, etc.). Elles connaissaient également les besoins de la famille en cas de désastres naturels.
Par exemple, le Suriname a été frappé pour la première fois de son histoire par des inondations intérieures, qui étaient directement attribuables aux changements climatiques. Des dizaines d'organisations non-gouvernementales (ONG) locales et internationales se sont unies pour venir en aide aux sinistrés. La participation des groupes féministes et d'ONG spécialisées en planification familiale a été importante dans la gestion de l'aide humanitaire. Elles ont également souligné l'importance de fournir des serviettes sanitaires et des préservatifs aux sinistrés, ce qui avait été négligé au départ. La contribution des femmes a été également indispensable dans la reconstruction des villages, car, même si les rivières sont devenues plus dangereuses, elles sont essentielles au quotidien des familles (approvisionnement en eau, lessive etc.). Les villages ne pouvaient donc pas être rebâtis trop loin des rivières, contrairement au plan d'origine de reconstruction.
Une science en développement
Le domaine du genre est récent et manque encore d'études et de données. Mais une chose est certaine : une participation accrue des femmes en environnement, autant au Nord qu'au Sud, sera essentielle pour trouver des solutions aux défis auxquels notre planète fait face.
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